"On a aujourd’hui un carcan réglementaire et normatif qui n’est plus supportable", "qu’on arrête ces normes idiotes", "on ne peut pas être sur un prix mondial et avoir des exigences, et en particulier des contraintes et des normes franco-françaises", etc. : invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Monde /iTÉLÉ à l'occasion du salon d el'Agriculture, Xavier Beulin n'a pas caché que l'une de ses priorités était de simplifier ou de supprimer un certain nombre de règles, accusées de brider l'agriculture française. Pour le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le constat est simple : "on a beaucoup bridé notre agriculture".
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"Un carcan réglementaire et normatif qui n’est plus supportable". "Ce que nous attendons, c’est quoi ? C’est que la France sorte d’une certaine inertie : on a aujourd’hui un carcan réglementaire et normatif qui n’est plus supportable. On a des ambitions en matière de développement de nos exportations, on a des revendications en matière de négociations internationales : vous rappeliez la négociation avec les Etats-Unis, on a des choses à demander là-dessus", a déclaré Xavier Beulin.
Car pour le président de la FNSEA, si les exportations agricoles françaises reculent, c'est "parce qu’on a beaucoup bridé notre agriculture". "Nous voulons défendre une diversité, une excellence, cela a un coût : on ne peut pas être sur un prix mondial et avoir des exigences, et en particulier des contraintes et des normes franco-françaises". Les fameuses normes environnementales et de travail sont en effet l'un des chevaux de bataille de la FNSEA, sujet sur lequel elle s'oppose à d'autres syndicats agricoles, qui l'accusent de défendre un point de vue productiviste au détriment de l'environnement.
"Cela nous coute très cher aujourd’hui en compétitivité". Et Xavier Beulin de poursuivre sa critique des règles qui s'appliquent au secteur agricole : "le secteur agricole et forestier, c’est 3.5 millions d’emplois, ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’Insee. Nous allons les garder à condition que nous ne soyons pas frileux, que l’on permette à un jeune agriculteur de pouvoir investir. Qu’on arrête ces normes idiotes qui nous éloignent du standard européen. Là-dessus, nous avons beaucoup de propositions à faire".
"La France doit revenir dans ce que j’appellerais une forme de standard européen. Nous nous sommes beaucoup éloigné de ce standard, cela nous coute très cher aujourd’hui en compétitivité", a-t-il martelé. La France a pourtant été condamné à de nombreuses reprises pour ne pas respecter ces normes, notamment sur la qualité de l'eau et les rejets de nitrates. Si Xavier Beulin le reconnait, il estime qu'il s'agit d'un cas isolé et assure"qu'en revanche, sur beaucoup de sujets, et le président de la République l’a encore reconnu hier, la France a énormément surtransposé des tas de directives et de normes européennes. On est allé au-delà".
Saisir l'opportunité des réformes territoriales. Xavier Beulin estime qu'une fenêtre de tir est ouverte pour pouvoir sensibiliser les élus aux préoccupations de son organisation. "On est en pleine réforme territoriale : la loi MAPAM sur la métropole, la loi NOTRe sur les nouvelles compétences de collectivités territoriales. Nous disons attention : bien sûr qu’il y a des problèmes dans les quartiers, dans les métropoles mais le monde agricole a des besoins".
"Il faut que nous soyons pédagogues : cultiver des traditions, relever ce que nous savons faire de mieux, mais aussi montrer la modernité de l’agriculture et de tout ce qu’il y a autour. Dans l’agriculture, il y a un amont et un aval : de l’agro-fourniture, de l’agroalimentaire, il y a beaucoup de métiers. C’est aussi le message que nous souhaitons faire passer : l’agriculture, c’est moderne", a déclaré Xavier Beulin.
Le dernier combat de la FNSEA : imposer le "fait en France" aux collectivités territoriales. L'organisation syndicale profite du salon de l'Agriculture pour mettre en avant sa nouvelle campagne de communication, axée sur les filières qui fournissent la restauration collective gérée par les collectivités territoriales. "Nous menons depuis quelques semaines une grande campagne pour convaincre notamment les collectivités dans la restauration hors domicile de mieux consommer et de consommer français. Notre slogan est simple : deux plats sur trois d’origine France", a déclaré Xavier Beulin. Et ce dernier d'ajouter : "nous constatons aujourd’hui qu’il y a une dérive parce que les appels d’offre sont ainsi faits. Mais il faut aussi savoir ce que nous voulons".
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