L'INFO. C'est un peu l'équivalent du CAC 40 version chinoise : les patrons des plus grosses entreprises de Chine viennent de poser leurs bagages en France. Ces géants de l'agroalimentaire, de l'informatique, ou encore de la sidérurgie vont passer la semaine à visiter des fleurons de l'industrie française, rencontrer François Hollande (ils sont reçus à l’Élysée mardi) ou encore certains de leurs homologues chez Areva, Peugeot ou EDF, en quête d'inspiration et d'opportunités d'investissement en France.
>>> Mais si l'apport financier des entreprises chinoises est réel et représente une aubaine pour certains bassins d'emploi, les collaborations sino-françaises peinent parfois à se mettre en place. Décryptage.
La Chine loin derrière les Etats-Unis. La France était, en 2011, la troisième destination européenne privilégiée des investissements chinois, après le Royaume-Uni et l'Allemagne, selon l'agence française des investissements internationaux (AFII). Mais la Chine n'est que le 11e investisseur étranger dans l'Hexagone, loin derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. Selon l'ambassade de Chine, les investissements directs atteignent 2,8 milliards d'euros annuels, pour à peine 400 emplois crées en moyenne par an. "Ce sont des investisseurs comme les autres et plutôt moins implantés que des pays partenaires de la France depuis longtemps. En 2009 par exemple, la Chine a crée moins d'emplois dans l'Hexagone que les investisseurs italiens. Donc on est très loin de pouvoir parler d'un miracle", commente ainsi au micro d'Europe 1 David Cousquer, spécialiste des investissements internationaux chez Trendeo.
L'exemple de Bourges. Hésitants jusqu'au bout des négociations, les industriels chinois ont parfois douché beaucoup d'espoirs. Il y a deux ans par exemple, des investisseurs chinois avaient signé un compromis de vente avec les collectivités locales de Bourges pour fabriquer du thé et des perruques dans deux usines flambantes neuves. Mais ils se sont désistés au dernier moment… et les promesses d'emplois se sont envolées. "Ça nous a servi de leçon", confie au micro d'Europe1 Alain Tanton, le président de l'agglomération. Et de poursuivre : "les investisseurs chinois ont une idée de la façon de gérer leur entreprise qui ne correspond pas aux standards européens. Ce qui m'a un tout petit peu agacé, c'est qu'ils reviennent très facilement sur des engagements qu'ils ont pris. Et tout ça n'engage pas à la fiabilité et la confiance".
De la nécessité de s'apprivoiser. Petite note d'optimisme tout de même : depuis l'an 2000, les liens commerciaux sino-français se sont décuplés. Si les investissements représentent environ 2,8 milliards aujourd'hui, ils étaient en effet quasi-inexistants il y a 10 ans. Les investisseurs chinois présents cette semaine à Paris l'avouent eux-même, c'est une question de culture : dans le travail et la façon de négocier, nos deux pays doivent encore s'apprivoiser.