Sommet entre les quatre principales puissances économiques de la zone euro le 22 juin, sommet du G20 le 28 juin : le rythme des réunions consacrées à la crise de la dette va s’accélérer dans les prochains jours. Il est donc temps que chacun dévoile ses intentions, ce qu’a fait la France jeudi en présentant une feuille de route révélée par le quotidien Le Monde et confirmée depuis par l’Elysée.
Le président français a d’ailleurs rencontré jeudi le chef du gouvernement italien Mario Monti pour préciser ses intentions. L’objectif est évidemment de convaincre pour ensuite constituer une majorité à même de persuader l’Allemagne, qui rechigne, à juste titre, à payer pour les erreurs financières des autres. Europe1.fr vous présente les grandes lignes du plan français.
SON PLAN POUR SORTIR DE LA CRISE ACTUELLE
- Mettre toutes les dettes européennes dans un même panier : comme l’Italie, la France plaide pour la création d’un fond d’amortissement des anciennes dettes. Toutes mises en commun, leur remboursement serait moins onéreux pour chacun. Une telle mesure limiterait aussi les assauts des marchés contre les pays les plus faibles.
- Disposer d’une vraie tour de contrôle financière. A la différence de son homologue américaine, la Banque centrale européenne (BCE) a un champ d’action très limité qui consiste essentiellement à contrôler l’inflation. La Fed, elle, agit aussi pour soutenir la croissance et contrôler le système bancaire. La France souhaite donc que les pouvoirs de la BCE soient étendus pour en faire le gardien du système bancaire et monétaire dans la zone euro, ce que l’Allemagne refuse fermement.
SES PROJETS POUR ÉVITER UNE NOUVELLE CRISE
Bien qu’accentuée par les banques et les marchés, la crise actuelle résulte en grande partie de l’absence de gendarme et de sanctions réellement appliquées. De nouvelles normes doivent donc être instaurées et c’est probablement le sujet qui fait le moins débat parmi les Européens, qui ont déjà adopté le Pacte budgétaire.
- Mieux surveiller les banques : l’idée de François Hollande consiste à exercer un contrôle au niveau européen et non plus à l’échelle nationale. La BCE serait chargée de cette mission, collectant les garanties des banques et surveillant leur niveau d’endettement.
- Mieux contrôler les budgets de chacun : ce chapitre correspond grosso modo au Pacte budgétaire. L’objectif est de renforcer les pouvoir de l’UE pour qu’elle devienne le comptable des Etats-membres, chargée de certifier leurs comptes et de sanctionner les déficits excessifs. Problème : une règle similaire existe depuis 20 ans et le traité de Maastricht; elle n’a que rarement été respectée. Ainsi, la France s’en est très souvent affranchi, tandis que d’autres, comme la Grèce, truquaient les chiffres pour éviter d’être sanctionnés.
SES IDÉES POUR RELANCER LA CROISSANCE
Outre la maîtrise des dépenses et la résorption des dettes accumulées, toutes les capitales européennes en conviennent : sans plan de relance, l’actuelle cure d’austérité risque de se traduire par une récession généralisée. La France devrait donc proposer un plan de relance articulé autour de quatre axes :
- Lancer de grands travaux d’infrastructures : des project-bonds permettraient de lancer des emprunts pour financer des infrastructures d’envergure et non des dépenses courantes. Le renforcement de la Banque Européenne d’Investissement permettrait également d’atteindre le même objectif. Ces project-bonds ne sont pas à confondre avec les euro-bonds, qui serviraient à emprunter sans obligation d’investir dans un projet d’infrastructure, ce que l'Allemagne refuse.
- Utiliser l’argent qui dort : l’UE collecte de l’argent pour alimenter les fonds structurels, destinés à aider un pays ou une région à rattraper son retard. Problème : 55 milliards d’euros sont actuellement en sommeil, la France propose donc qu’ils soient utilisés au plus vite.
- Taxer les transactions : même cosmétique, un tel prélèvement inspiré de la taxe Tobin permettrait de recueillir quelques milliards par an. En limitant (un peu) la frénésie spéculative, elle doit aussi permettre d’éviter de nouveaux accidents financiers aux conséquences très concrètes pour l’économie réelle.