Les (sombres) chiffres. "La situation économique est grave, rien ne sert de la minimiser", a reconnu François Hollande mercredi, dont les propos ont été rapportés par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. La France entame en effet 2013 en récession. Son PIB a reculé de 0,2% au premier trimestre, après avoir déjà baissé selon la même proportion au quatrième trimestre 2012, selon les chiffres de l'Insee publiés mercredi. Or, deux trimestres consécutifs de baisse de croissance signifient, techniquement, l'entrée en récession. Il s'agit donc de la troisième fois en quatre ans que la France entre en récession, après les épisodes de 2009 et 2012. Avant 2007, la France n'avait connu pareille situation que deux fois depuis... 1949.
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Les trois moteurs à l'arrêt. La piètre santé de la demande intérieure, de l'investissement et des exportations explique cette faible performance de l'économie française. Les dépenses de consommation des ménages ont en effet diminué de 0,1% sur le dernier trimestre et l'investissement, en baisse pour le cinquième trimestre consécutif, s'est replié de 0,9%, le recul de l'investissement des entreprises non financières atteignant 0,8%. Le déficit du commerce extérieur, lui, est responsable d'une baisse de 0,2 point de croissance, ajoute enfin l'Insee. "La France est entrée dans un cycle récessif. L'ensemble de la Zone euro est certes en légère récession mais depuis l'automne dernier, la France a un peu décroché, notamment à cause d'une fiscalité très lourde depuis la dernière loi de Finance", décrypte pour Europe1 l'économiste Michel Didier, président de l'institut Rexecode.
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Bercy reste confiant. "La récession est moins profonde qu'en 2008 et 2009", a tenté de relativiser François Hollande mercredi. Le gouvernement n'a d'ailleurs pas changé d'objectifs. Il prévoyait pourtant une croissance nulle au premier trimestre 2013, pour un regain de 0,1% au second et une croissance de 0,1% sur la totalité de 2013. Les nouvelles annonces de l'Insee sont donc en dessous pour le premier trimestre. Mais Bercy a annoncé mercredi qu'il ne revoyait pas ses prévisions pour l'ensemble de l'année 2013. "Nous maintenons à la fois l'objectif de croissance 2013 et la perspective d'inversion de la courbe du chômage", a déclaré Pierre Moscovici à la sortie du conseil des ministres. "Je suis persuadé que nous aurons dans la suite de l'année 2013 une reprise de la croissance", a-t-il ajouté. L'Insee a par ailleurs maintenu son estimation d'un déficit public ramené à 4,8% du PIB en 2012 et d'une progression de la dette, à 90,2% du PIB. Le gouvernement, lui, espère toujours ramener le déficit public de 4,8% en 2012 à 3,7% en 2013.
Une récession, quelles conséquences ? "La récession, c'est forcément plus de chômage. Cela veut dire que l'on produit moins aujourd'hui qu'hier. Or la population active continue d'augmenter. Et si l'on produit moins, on a besoin de moins de salariés", détaille pour Europe1 Eric Heyer, économiste à l'OFCE. Concernant le déficit, si les prévisions du gouvernement sont bonnes pour l'année 2013, il n'y aura pas de tour de vis supplémentaire. Si elles s'avèrent erronées, il faudra probablement encore passer par davantage de rigueur. Une baisse de 0,1 point de croissance sur un an coûterait en effet 2 milliards d'euros au pays, selon l'Insee. Un manque à gagner qu'il faudrait alors compenser, pour tenir les objectifs de réduction de déficit et ne pas affoler les marchés.