ÉCONOMIE - Avant un Eurogroupe qui doit se pencher sur une liste de réformes envisagées par Syriza, le ministre des Finances hellène a évoqué la possibilité d'un référendum.
Le prochain Eurogroupe au chevet de la Grèce doit se tenir lundi à Bruxelles. Mais Syriza, le parti de gauche radicale aux manettes depuis janvier, ne veut pas se laisser dicter par l'Europe la destinée de la Grèce. Alors que les ministres des Finances de l'Eurozone s'apprêtent à analyser la viabilité d'une liste de réformes transmise par la Grèce vendredi, Yanis Varoufakis, le ministre des Finances, a joué la carte du chantage dimanche. Si Bruxelles rejette le plan d'action d'Athènes, Syriza envisagera d'organiser un référendum, voire des élections législatives anticipées.
Si Bruxelles rejette les réformes grecques... "Il pourrait y avoir des problèmes", a prévenu Yanis Varoufakis dans un entretien avec le Corriere della Sera. Et de déclarer dans la foulée que Syriza n'écarterait pas la possibilité d'un référendum ou d'élections. "Nous pouvons revenir à des élections. Organiser un référendum", a-t-il déclaré. "Comme me l'a dit notre Premier ministre, nous ne sommes pas encore collés à nos sièges", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié dimanche, le ministère des Finances grec explique que Yanis Varoufakis répondait à des questions hypothétiques et que tout référendum aurait "évidemment trait au contenu des réformes et de la politique budgétaire" et non pas à la question de savoir si la Grèce devait rester dans la zone euro ou pas.
La Grèce avait déjà menacé d'un référendum sur le plan de sauvetage en novembre 2011, provoquant un mouvement de panique sur les marchés financiers ainsi que la colère de ses partenaires européens. Au final, ce séisme avait entraîné la chute du Premier ministre George Papandreou.
Et si Bruxelles accepte ? Le travail de négociation poursuivra son bonhomme de chemin. Les partenaires de la Grèce ont en effet consenti fin février à prolonger de quatre mois le deuxième programme d'aide au pays. Cependant, ils ont aussi indiqué que les fonds encore dus (7 milliards d'euros) ne seraient pas versés avant fin avril lorsque les réformes grecques seront définitivement approuvées par l'Europe.
Au sujet des réformes que Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, doit mener, les ministres des Finances de l'Eurozone ont prévenu : de nouvelles mesures, oui, mais elles ne doivent pas déséquilibrer le budget de l'État hellène. Lundi, l'Eurogroupe va donc se pencher sur la viabilité financière des mesures envisagées par Syriza. "On parle de la conclusion du deuxième plan uniquement", tempèrent des sources à Bruxelles auprès du journal Le Monde. "Si nous sortons de l'Eurogroupe, lundi soir, avec un engagement sans ambiguïté à poursuivre le travail, ce sera déjà bien", ajoutent ces mêmes sources.
Les discussions semblent cependant bien engagées puisque selon Athènes, le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a accueilli favorablement dès samedi sa liste de réformes qu'il avait reçu la veille.
Au fait, que propose Athènes ? Dans une lettre envoyée vendredi à l'Eurogroupe, le gouvernement grec met en avant les réformes pouvant servir de base de discussion avec les institutions européennes. Syriza envisage d'établir un Conseil fiscal. déjà inscrit dans la législation du pays mais jamais concrétisé, il serait chargé de suivre, de manière indépendante, la politique de l'Etat en matière de finances publiques.
Syriza propose aussi d'instaurer des plafonds pour limiter les dépenses de l'État, de taxer les paris en ligne, de réduire la bureaucratie, mais maintient un budget pour l'aide aux plus pauvres. Enfin, la mesure la plus originale serait d'engager un grand nombre d'inspecteurs non professionnels afin de lutter contre la fraude fiscale, très répandue en Grèce. De simples particuliers, voir des touristes étrangers, pourraient ainsi, armées d'enregistreurs audio ou vidéo, piéger par exemple les commerçants qui ne font pas payer la TVA aux consommateurs.
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