Athènes n'a presque plus de réserves financières mais tarde toujours à présenter une liste de réformes pour débloquer l'aide européenne.
Après les pays de la zone euro, c'est au tour des membres du G20 de rappeler à l'ordre la Grèce. Ce groupe, qui rassemble les principales puissances économiques mondiales, devait officiellement se réunir vendredi pour discuter "volatilité" des taux de change mais les échanges ont surtout porté sur la Grèce. Et pour cause : Athènes n'a presque plus d'argent et a grandement besoin de la dernière tranche du plan d'aide européen. Sauf que le reste de la zone euro refuse de lui verser ces 7,2 milliards d'euros tant qu'Athènes n'aura pas présenté un programme de réformes. Qui se fait donc attendre.
La Grèce doit trouver une solution d'ici fin avril. Réunion du "groupe de Bruxelles" samedi à Paris, Eurogroupe le 24 avril à Riga, suivi par un autre Eurogroupe le 11 mai : face à l'enlisement des discussions avec le gouvernement grec, l'Union européenne a prévu plusieurs rendez-vous très rapprochés pour tenter de trouver rapidement un accord. Car le temps presse : "le gouvernement lui-même a admis qu’il y a de l’argent dans les caisses pour deux semaines, jusque début mai. Après, il y aura des problèmes pour honorer nos obligations intérieures et extérieures", a reconnu le président de l'autorité grecque des marchés financiers, Kostas Botopoulos, mercredi matin sur Europe 1.
Bien qu'au pied du mur, les négociations entre la Grèce et le reste de la zone euro patinent, tant les points de vue sont éloignés : les Européens demandent aux Grecs de tenir leurs promesses, synonymes d'un cran supplémentaire dans l'austérité, alors même que le gouvernement Tsipras a été élu sur la promesse de mettre fin à la rigueur. Ce dernier a bien obtenu de l'Eurozone qu'il puisse modifier le contenu des réformes prévues par le plan d'aide européen, mais à condition que l'équilibre budgétaire général soit préservé. Mais depuis plus d'un mois et demi, les différentes feuilles de route présentées par Athènes n'ont pas convaincu le reste de l'Europe.
A leur tour, les Etats-Unis invitent Athènes à se réformer. Estimant que l'Europe lui en demande trop et trop vite, la Grèce a entamé une tournée diplomatique pour faire jouer la concurrence : son ministre de l'Economie s'est récemment rendu à Washington, au siège du FMi et à la Maison Blanche, tandis que son Premier ministre était à Moscou. Mais si la Grèce a été entendue, elle n'a visiblement pas vraiment convaincu. Le président américain Barack Obama lui-même a exhorté vendredi la Grèce à "engager des réformes" : "vous devez montrer à vos créanciers et à ceux qui soutiennent votre système financier que vous essayez de vous aider vous-mêmes", a-t-il lancé, avant d'ajouter : les grecs "doivent prélever les impôts. Ils doivent réduire leur bureaucratie, flexibiliser leur marché du travail".
Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), n'a pas été plus clémente jeudi : "aucun pays développé n'a jamais demandé de délai" pour rembourser et "c'est clairement une voie qui ne serait pas adaptée ni recommandable", a-t-elle déclaré à propos de la Grèce. Un discours de fermeté également entendu du côté de Bruxelles : "On travaille et on fait des progrès mais ces progrès sont trop lents et à ce stade trop faibles. Le temps commence à presser", a regretté jeudi Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques.
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