Un pays qui n’arrive pas à se doter d’un nouveau gouvernement, une Union européenne en pleine vague d’austérité et qui s’impatiente, des prêts qui arrive à échéance mais que la Grèce ne peut rembourser seule : la crise hellénique refait surface depuis dimanche et commence à lasser tant les Grecs que les Européens, suscitant une radicalisation des positions de chacun. Le scénario d’une sortie de l’euro est de moins en moins irréaliste.
La Grèce toujours sans gouvernement
A l’issue des élections législatives grecques de dimanche qui n’ont donné la majorité à aucun parti, les négociations continuent mais patinent. Aucun parti ne veut trop s’engager à poursuivre l’austérité alors que les électeurs ont favorisé les formations qui s’y opposent.
Le dilemme des partis de gouvernement est donc le suivant : appliquer la feuille de route européenne, c’est la promesse de perdre aux futures élections. A l’inverse, tenter de négocier une nouvelle aide ou un délai supplémentaire, c’est l’assurance de faire perdre patience aux Européens et de se rapprocher de la faillite. Politiquement, la Grèce semble donc dans une impasse.
Hollande, source d’espoirs excessifs
Certains Grecs ont pourtant retrouvé espoir avec l’élection de François Hollande, rapidement surnommé le "Roosevelt européen". Mais l’euphorie risque d’être de courte durée : le nouveau président français souhaite stimuler la croissance mais cela ne changera rien aux réformes que doit appliquer la Grèce.
Un plan de relance relâcherait un peu la pression mais il sera de facto d’une ampleur limitée, l’Europe du Nord et l’Allemagne y étant opposées. Les effets d’une telle relance serait donc bien moins forts pour la Grèce qu’une réforme en profondeur de son modèle économique et fiscal.
Radicalisation des positions
Si les Grecs ont fait dimanche le choix de la contestation, les dirigeants européens commencent aussi à hausser le ton. La Commission européenne, qui devait prêter au pays 5,2 milliards d’euros, n’en a versé mercredi que 4,2 en attendant de savoir quelle direction la Grèce prend.
"L'Europe met en garde", a décrypté le quotidien Kathimérini et si le doute persistait encore dans l’esprit des Grecs le ministre des Finances allemand s’est chargé de le dissiper jeudi. "La Grèce peut compter sur la solidarité de l'Europe mais si la Grèce ne s'aide pas elle-même, il n'y aura rien à faire", a-t-il prévenu.
Même son de cloche du côté de la Banque centrale européenne (BCE), dont l'un des dirigeants, Jörg Asmussen, a confié au quotidien allemand Handelsblatt: "il doit être clair pour la Grèce qu'il n'y a pas d'alternative au programme d'assainissement convenu si elle veut rester membre de la zone euro".
La sortie de l’euro fait moins peur
Le ton a donc changé au niveau européen : s’il fallait absolument sauver le soldat grec en 2011, ce n’est plus un impératif en 2012. Et pour cause : en 2011, l’UE craignait un effet domino emportant faisant sombrer les pays et les banques les moins solides de la zone euro. Mais ce qui était vraisemblable il y a six mois ne l’est plus vraiment : les banques se sont débarrassées au maximum de leurs créances grecques, la zone euro s’est dotée de nouveaux outils et la BCE n’a hésité pas à intervenir.
Une sortie de la Grèce de la zone euro en 2012 n’aurait donc pas les mêmes conséquences qu’auparavant. Le symbole serait désastreux mais les conséquences économiques pourraient être bien moins fortes pour une Europe préparée au pire depuis des mois.
Ainsi, là où la moindre poussée de fièvre en Grèce se traduisait par un vent de panique sur les bourses européennes, les places européennes absorbent désormais bien le choc. Autre indice, certes bien plus léger : les bookmakers britanniques ont déjà pris des précautions et suspendu les paris sur une sortie de la Grèce de la zone euro. Cette hypothèse leur semblant de plus en plus crédible, ils arrêtent des paris qui pourraient leur faire perdre beaucoup trop d’argent.