La Politique Agricole Commune (PAC) marche-t-elle sur la tête ? Alors que la France se bat à Bruxelles pour préserver son montant, de plus en plus d'agriculteurs se plaignent de son modèle de redistribution, qu'ils jugent injuste. Celui-ci est en effet figé dans le temps : c'est-à-dire que d'une année sur l'autre, son montant n'évolue pas, tandis que les prix, eux évoluent. Un mécanisme "absurde", selon Régis Hochart, éleveur de Midi-Pyrénées et rapporteur de la PAC au Conseil économique et social.
• Une excellente année pour les céréaliers. Ce sont eux qui font la bonne opération de 2012. Le prix des céréales a en effet fortement augmenté : le blé, par exemple, est passé de 180 euros la tonne en moyenne entre 2009 et 2011 à 230 euros aujourd'hui. "Pour le soja, les prix ont même doublé en trois ans !", s'alarme Régis Hochart, interrogé par Europe 1. Au total, ce sont ainsi trois milliards d'euros supplémentaires qui sont tombés dans la poche des exploitants agricoles.
• Les éleveurs, touchés directement au portefeuille. A l'autre bout de la chaîne, pour l'élevage, la situation est exactement inverse. La forte hausse du prix des céréales entraîne mathématiquement une augmentation de la facture au moment de nourrir le bétail. Conséquence, la filière s'attend à un manque à gagner de 1,8 milliard d'euros pour 2012 !
• Un déséquilibre qui n'est pas corrigé. La logique voudrait donc qu'une grande part de l'aide européenne aille aux éleveurs, en difficulté, et qu'une part moindre aille aux agriculteurs, dont les finances se portent mieux. Il n'en n'est pourtant rien : le montant de la PAC qui ne bouge pas d'une année sur l'autre, va cette année encore avantager les producteurs de blé, de maïs ou encore de soja.
"Les céréaliers français vont recevoir cette année trois milliards d'euros, soit la moitié des aides envoyées en France. Alors que les éleveurs ne recevront eux que quelques centaines de millions d'euros… Le système marche sur la tête", se désole Régis Hochart. La politique agricole commune doit être révisée, mais la réforme n'est pas prévue avant la fin de l'année prochaine. "Cette réforme doit réorienter les aides, de manière à ce que tous les producteurs survivent. Dans le cas contraire, nous n'aurons même plus les moyens de produire ce que nous consommons", s'inquiète-t-il.