Les employés de la SNCM devront encore attendre une dizaine de jours pour savoir ce qui les attend. Après un dépôt de bilan et un placement en cessation de paiement le 4 novembre, la compagnie maritime avait de grande chance d'être placée en redressement judiciaire et devait être fixée sur son sort vendredi. Mais le tribunal de commerce de Marseille a préféré se donner du temps et a reporté sa décision au 25 novembre. En attendant, un juge-enquêteur a été chargé de "recueillir tous éléments et renseignements sur la situation financière, économique et sociale de l'entreprise afin de l'éclairer pleinement sur la réalité de la cessation de paiement".
En attendant la décision finale du tribunal, Europe1.fr passe en revue les différents scénarios à l'étude : une liquidation immédiate ou un redressement judiciaire, avec l'attente qu'un possible repreneur manifeste son intérêt.
La liquidation immédiate. Le Tribunal de commerce peut décider de liquider la compagnie. La raison? La situation financière catastrophique de la SNCM. D'un côté, la compagnie maritime a des comptes dans le rouge depuis longtemps avec 50 millions d'euros de perte chaque année. De l'autre, la Commission européenne lui a infligé une amende de 440 millions d'euros car la SNCM aurait reçu de manière illégale des aides publiques de l'Etat français.
Enfin, la compagnie risque de perdre sa délégation de service public (DSP) accordée par la collectivité de Corse pour "continuité territoriale". Ce contrat, qui court jusqu'en 2023, constitue en effet la principale source de revenus de l'entreprise. Si un possible repreneur ne peut en hériter, la viabilité financière de la compagnie en prendrait un coup.
La liquidation immédiate n'est en tout cas pas la fin souhaitée par la direction, pour qui le dépôt de bilan est la seule solution pour "empêcher la disparition pure et simple" de la SNCM. L'objectif est plutôt pour elle de repartir sur des bases saines.
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Ou le redressement judiciaire... La deuxième solution du Tribunal de commerce est de placer la SNCM en redressement judiciaire. L'État, Veolia et Transdev, tous trois actionnaires, estiment que cela permettrait à la compagnie à la fois d'annuler les condamnations européennes et de trouver un nouvel actionnaire à cette société chroniquement déficitaire.
Avec la porte ouverte à un repreneur. Le redressement judiciaire comprend une période d'observation durant laquelle un repreneur peut se manifester. C'est un scénario plausible. Le PDG de Transdev, actionnaire principal de la SNCM, Jean-Marc Janaillac, a en effet annoncé lundi sur France Info que plusieurs repreneurs potentiels, "de l'ordre de cinq ou six", étaient intéressés par ce dossier.
"Il y a des compagnies qui aujourd'hui se sont officiellement déclarées intéressées, il y en a qui se sont officieusement déclarées intéressées", a-t-il même précisé. La société américaine Baja Ferries avait déjà fait état, publiquement, de son intérêt pour une reprise des actifs de la compagnie maritime.
La moitié des emplois menacés ? Même si la SNCM évite la liquidation immédiate, elle ne s'en sortirait pas indemne. En effet, la direction a en octobre défini un "périmètre à l'équilibre" qui comprendrait 800 à 1.000 emplois. Or, aujourd'hui, la compagnie emploie 2.000 personnes, sans parler des nombreux sous-traitants qu'elle fait vivre.