Pour la première fois depuis neuf mois, le chômage a baissé au mois d'août, de 0,3%. Environ 11.100 personnes de moins qu'en juillet se sont donc inscrites à Pôle emploi, en tant que chômeur sans activité, selon des chiffres publiés mercredi. Mais faut-il vraiment s'en réjouir ? S'il est trop tôt pour avoir une explication précise de cette baisse, beaucoup d'indicateurs laissent penser qu'elle ne va pas durer.
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Surtout une baisse des… inscrits. L'un des enseignements marquants des chiffres publiés mercredi, c'est la hausse des personnes qui ont cessé de chercher du travail via Pôle emploi. Les arrêts de recherche (+10,5 %), les cessations d’inscription pour défaut d’actualisation (+14,4 %) et les radiations administratives (+5,4 %) ont en effet tous augmenté. "Ce sont malheureusement des éléments qui peuvent expliquer cette baisse surprise des chiffres du chômage. Sinon on aurait eu une légère hausse", commente pour Europe 1 Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. "Ces personnes sont susceptibles de revenir dans les statistiques de Pôle emploi en septembre", poursuit-il.
Des indicateurs dans le rouge. Selon la plupart des économistes, il faut au moins 1,5% de croissance pour faire reculer le chômage. Or, celle de la France a été nulle les deux derniers trimestres. Et la prévision officielle du gouvernement est de 0,4% pour 2014. Aucun organisme international ne prévoit donc de baisse durable avant, au mieux, 2015. Mi-septembre, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a d'ailleurs fait un diagnostic sévère sur Europe 1 : la France est "malade". "Il y a une fièvre depuis plusieurs années dans ce pays qui s'appelle le chômage de masse", a affirmé le nouveau locataire de Bercy.
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Et des mesures qui patinent. Afin de palier le manque de croissance, le gouvernement a mis en place tout un arsenal de mesures. Mais aucune d'entre elle n'a eu de réelle ampleur pour le moment. Le premier bilan du pacte de responsabilité (40 milliards d'euros d'allègements pour les entreprises d'ici à 2017, dans l'espoir de générer des centaines de milliers d'emplois), dressé début septembre par François Rebsamen, reste faible: un seul accord a été conclu, dans la branche professionnelle de la chimie.
Le contrat de génération n'a pas non plus encore trouvé son public : depuis le lancement du dispositif en mars 2013, 31.000 demandes ont été enregistrées, bien loin de l'objectif initial de 75.000 pour la seule année 2013. En réaction, le gouvernement a dû doubler et porter à 8.000 euros la subvention pour les entreprises de moins de 300 salariés embauchant simultanément en CDI un jeune de moins de 26 ans et un senior de plus de 57 ans.
Le président de la République a en outre sonné vendredi dernier la mobilisation pour l'apprentissage, avec un nouveau geste en faveur des employeurs, élargissant le champ d'une nouvelle prime de 1.000 euros votée en juillet. "Même si toutes ces mesures atténuent les effets négatifs de la conjoncture, la tendance ne s’inverse toujours pas", conclut pour sa part l'économiste Mathieu Plane.