L’avantage des chiffres, c’est qu’on peut leur faire dire beaucoup de choses. Le chef de l'Etat avait promis, il y a plus d’un an d’inverser la courbe du chômage avant fin 2013. Un objectif maintes fois rappelé par l'exécutif ces derniers mois. Après l'embellie du mois d'octobre, l’espoir était de mise. Mais les chiffres du chômage du mois de novembre sont tombés jeudi : ils repartent à la hausse. A un mois de l’échéance, l’opposition estime que le pari de François Hollande est perdu. Pourtant, le président et le ministre du Travail, Michel Sapin maintiennent coûte que coûte que l'inversion de la courbe "est bien amorcée". Qui faut-il croire ?
Inverser la courbe, c’est quoi ? Une aberration mathématique comme l’écrit Thomas Messias dans Slate. Il serait plus juste de dire que le gouvernement souhaite infléchir la courbe du chômage. Ce qui sonne moins bien. Or, le combat contre le chômage est le cheval de bataille du gouvernement. Et François Hollande sera jugé dessus. Il lui fallait donc un nom qui marque les esprits.
Le deal de départ. François Hollande et son gouvernement se sont donné un objectif. Ils ont ensuite fixé les règles du jeu. Trois mois consécutifs de baisse du chômage. C’est donc raté pour 2013. Même sans les chiffres du mois de décembre, la hausse du mois de novembre empêche forcément d’avoir une baisse continue, mois par mois du nombre de chômeurs pour la fin de l'année. Le pari de François Hollande est donc perdu, à ce niveau là.
Les nouvelles règles. Afin de préparer le terrain, l’exécutif avait dès novembre commencé à laisser entendre que les règles pouvaient évoluer. "La bataille" contre le chômage "se fera mois par mois" et "prendra tout le temps qui est nécessaire", avait déclaré le président de la République, en déplacement à Aubervilliers dans une PME.
Jeudi, Michel Sapin a confirmé les nouvelles règles du jeu : "La courbe dont nous voulons l'inversion, c'est celle du chômage de catégorie A sur trois mois", en moyenne. Or, en moyenne, le chômage est en baisse sur le quatrième trimestre : "-1.350 chômeurs pour l'instant", rappelle Michel Sapin. En effet, à un mois de l’échéance, en moyenne, le chômage est en train de baisser. Reste à confirmer en décembre. C’est exactement ce que dit le ministre du Travail Et en se plaçant d'un point de vue trimestriel, les chiffres lui donnent raison. . Il a raison, d’un point de vue trimestriel.