L’INFO. La SNCM va-t-elle être coulée par son nouvel actionnaire majoritaire ? C’est ce qui inquiète les représentants des syndicats de l’entreprise maritime alors que le président du directoire de l’entreprise, Marc Dufour, n’a pas été reconduit lors d’un conseil de surveillance lundi. Les représentants de l’Etat, actionnaire à hauteur de 25% de l’entreprise, se sont abstenus de voter. Ils ont ainsi donné la main à Transdev, détenue par la Caisse des dépôts et Veolia. Problème : l’entreprise privée pourrait remettre en cause le plan de restructuration signé en 2013 pour sauver une SNCM fortement endettée.
Le contexte : la SNCM endettée. La compagnie maritime doit en effet rembourser aux pouvoirs publics 440 millions d'euros, dont la moitié pour des aides d'Etat versées entre 2007 et 2013 et jugées illicites par la Commission européenne en mai 2013. L'autre moitié concerne des aides liées à la privatisation de l'entreprise en 2006.
Pour assainir les finances de l’entreprise, tout en relançant son activite un plan de restructuration a été signé en 2013 par les actionnaires. Il prévoit la suppression de 500 emplois sur 2.600 et le renouvellement de la flotte avec l'achat de quatre navires qui grèverait encore les comptes de la compagnie.
La surprise : Transdev reprend la main. Problème : lundi les six administrateurs de Transdev, qui détient 66% du capital de la SNCM ont voté contre la reconduction du président du directoire, Marc Dufour, dont le mandat arrive à son terme à la fin du mois. Transdev a déclaré dans un communiqué qu'elle ferait "connaître rapidement le nom du remplaçant qu'elle proposera" au conseil de surveillance prévu le 28 mai prochain.
Les quatre représentants des actionnaires salariés (9% du capital) et le président du conseil de surveillance ont voté pour la prolongation du mandat de Marc Dufour. Par leur abstention, les trois administrateurs de l'Etat (25% du capital) ont permis un changement de gouvernance qui avait récemment été refusé à Transdev par la justice.
La décision de lundi met donc fin à un bras de fer entre d’une part l'actionnaire privé et d’autre part la direction de la SNCM, les élus locaux et les syndicats sur l'avenir de la société qui assure les dessertes entre la Corse et le continent.
Quel avenir pour la SNCM ? Le problème, c’est que la prise de pouvoir de Transdev rebat toutes les cartes de la direction prise par la SNCM depuis 2013. Et la première victime de ce changement pourrait être le plan de restructuration. La décision de lundi marque sans doute son abandon. Transdev et Veolia ont en effet affirmé ne pas vouloir le mettre en oeuvre après l'avoir, dans un premier temps, approuvé.
Le syndicat CFE-CGM de l'entreprise avait mis en garde l'Etat contre une décision qui, selon lui, donnera "carte blanche à un actionnaire défaillant et liquidateur", et "un triste exemple de déni de la parole publique en ouvrant la porte au démantèlement rapide de la compagnie."
La situation est d’autant plus critique que les contentieux européens de l’entreprise mettent un frein à une reprise de la compagnie par un investisseur extérieur. Pourtant, le groupe norvégien Siem avait exprimé son intérêt, mais n'entend pas supporter le passif des remboursement des aides. "Des recours ont été introduit par l'Etat et la SNCM. Cela prend du temps et l'Etat le sait, il faut donc tenir", soulignait Marc Dufour, parlant d'"éviter un carnage public".
L’Etat dépolitise sa position. "Il est normal que l'équipe dirigeante de la société puisse travailler et agir en confiance avec son principal actionnaire, quel qu'il soit", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, qui juge "important de mettre un terme à la quasi paralysie qui menaçait la société".
"Il appartient à l'entreprise de clarifier son projet. L'Etat restera vigilant et attentif à l'élaboration puis à la mise en oeuvre résolue, par la nouvelle direction de la SNCM, de cette stratégie de redressement de l'entreprise", a-t-il ajouté dans un communiqué publié après la réunion.
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