L'Autorité de la concurrence a annoncé mercredi qu'elle allait ouvrir un "examen approfondi" de l'acquisition de SFR par le groupe Altice, maison mère du câblo-opérateur Numericable. Cette procédure est classique en cas de "doutes sérieux d'entraves à la concurrence", a même fait savoir l'autorité. Le délai pour la mener à bien est d'environ trois mois, mais il peut être allongé si nécessaire. Au cours de cet examen, l'Autorité effectuera une consultation élargie des acteurs du marché, notamment "sur les remèdes qu'il conviendrait d'apporter à d'éventuelles atteintes à la concurrence".
L'offre qui ne devait pas poser de problème. Pourtant, l'offre de Altice avait été choisie en partie pour éviter ce genre de contre-temps. Contre l'avis du gouvernement et malgré le soutien appuyé de Free Mobile envers la proposition de Bouygues Telecom, c'est bien Numericable qui avait décroché le rachat de SFR à Vivendi en mars dernier. L'offre de Numericable avait l'avantage de la simplicité : elle était censée éviter le problème de la concurrence puisque le câblo-opérateur n'est pas, contrairement à Bouygues Telecom, un opérateur téléphonique.
Des possibles "chevauchements". L'Autorité de la concurrence avait indiqué début juillet qu'il se prononcerait sur le rachat de SFR et sa fusion avec Numericable "à l'automne". Le régulateur avait évoqué à l'époque des "chevauchements" d'activité "qui mériteront des solutions". En cause ? L'Autorité avait alors déclaré qu'elle allait particulièrement étudier l'impact concurrentiel sur plusieurs marchés comme le très haut débit, la distribution des mobiles, les boutiques zone par zone, les offres de gros, les services de capacités ou encore la gestion des réseaux mobiles.
A la Réunion et à Mayotte, par exemple, la maison mère de Numericable, Altice, a récemment acheté Outremer télécom et Mobius, qui lui permettent d'offrir des offres mobiles et fixes, alors que SFR, via sa filiale SRR, détient la moitié du marché mobile local. Concernant les taxes, Numericable bénéficie également de son statut de câblo-opérateur, plus intéressant que celui d’opérateur ADSL. L'Autorité de la concurrence devra établir si Altice mérite de conserver cette particularité.