L’info. Puisque personne ou presque ne croyait en l’avenir de la lingerie fabriquée en France, elles avaient pris l’initiative et lancé leur propre entreprise coopérative. Elles, ce sont les anciennes ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby qui, après la fermeture de leur usine dans la région lyonnaise, avaient fondé en 2013 "Les Atelières". Mais, faute de financement, la société coopérative va à son tour fermer ses portes : elle va demander sa liquidation vendredi devant le tribunal de commerce de Lyon.
"C'est avec une grande tristesse que j'ai décidé de mettre fin à l'aventure des Atelières un peu plus d'un an après l'ouverture de l'atelier. C'est un crève-coeur pour celles et ceux qui ont eu l'espoir de relancer un atelier de lingerie corseterie haut de gamme", s’est désolée Muriel Pernin, la présidente fondatrice.
En manque d’argent frais. Face à la concurrence des ouvrières du Maghreb et d’Asie, les ex-Lejaby se devaient de monter en gamme. Pour poursuivre son activité et mener à bien sa recherche, tant de nouveaux modèles que de clients, la coopérative avait donc besoin d’un million d’euros. Problème : un peu plus d’un an après sa création, "Les Atelières" n’a réussi à réunir que 500.000 euros et n’arrive pas à convaincre les banques de lui prêter le reste.
Pour les banques, la lingerie est un business dépassé, et donc un pari financier trop risqué. "C’est quand même la honte de notre pays. Cela veut dire que les hommes et les femmes qui font tourner les usines, ceux-là n’ont pas le droit à être considérés comme innovants… Pour être dans l’innovation, il faut inventer un smartphone ou une application alors que nous, on s’investit avec des femmes qui s’investissent à 100%, qui trouvent des idées tous les jours et ce n’est pas reconnu ? C’est à pleurer…", regrette Muriel Pernin.
Un sentiment d’abandon. Lâchée par les banques, la société coopérative estime ne pas avoir non plus été soutenue par l’Etat. Et notamment par la Banque publique d'investissement (BPI), dont les aides se concentrent, dixit Muriel Pernin, sur la "robotisation".
L’entreprise estimait pourtant être sur la bonne voie, avec un carnet de commandes rempli à hauteur de 15.000 pièces. Mais, pour survivre, Les Atelières devait dépasser le seuil fatidique des 35.000 pièces commandées.
La fin d’un symbole. Résultat, 30 personnes devraient perdre leur emploi, mais l’affaire va bien au-delà. Car l’aventure des ex-Lejaby avait été très médiatisée, mettant en lumière ces employés qui tentent de rebondir en reprenant leur société sous forme de coopérative.
Deux ex-salariées de Lejaby, dont une des membres actives des Atelières, avaient ainsi été nommées au grade de chevalier de l'ordre national du Mérite en novembre 2012. Cette reconnaissance avait même été saluée par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
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