L’INFO. Elle ne durera que quelques heures par jour, mais la grève des pilotes pour la quasi totalité du mois de mai pourrait avoir de graves conséquences sur le résultat des compagnies aériennes françaises. Lundi, le premier syndicat de pilotes, SNPL France Alpa, a lancé un appel à la grève qui pourrait entraîner des retards importants, selon ce syndicat. L'agacement est d'autant plus palpable que "les motifs ne concernent pas spécifiquement" les compagnies selon les différents acteurs du secteur.
Un risque pour les résultats. "C'est une grève totalement hors de propos et un très mauvais signal envoyé à nos passagers qui nous sont fidèles", s’est insurgé mardi Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM devant quelques journalistes.
Selon la compagnie, le mouvement affectera "la plus grosse plage de départs long-courriers de la journée, avec plus de 30 vols long-courriers programmés, sur 70 vols long-courriers quotidiens". Cette grève empêchera notamment les correspondances à Paris-CDG, coeur de l'activité de la compagnie.
Des efforts enrayés. "C'est aussi un geste extrêmement méprisant envers les personnels qui se sont donné du mal pour redresser la compagnie", a ajouté Alexandre de Juniac. Il faut dire, qu’après six années de pertes, la partie française du groupe franco-néerlandais espère enfin enregistrer un résultat positif en 2014. Cet objectif pourrait tout simplement être remis en cause par ce mouvement social, la direction estimant qu'il se traduira nécessairement par des annulations de vols et donc des manques à gagner substantiels.
Le groupe Air France-KLM est engagé depuis janvier 2012 dans un plan de restructuration drastique qui a entraîné des milliers de suppressions d'emplois au sein de l'entité Air France.
Si le groupe franco-néerlandais a dégagé un bénéfice d'exploitation de 130 millions d'euros l'an passé après une perte de 336 millions en 2012, la partie française est, elle, restée dans le rouge avec une perte de 174 millions.
L’inquiétude est partagée par la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande (FNAM) qui représente tous les acteurs du secteur, hormi les constructeur. “Depuis plusieurs années, les compagnies aériennes françaises vivent une régression de leurs parts de marché. En conséquence, elles ont appliqué des plans de restructuration et d’adaptation depuis 2008. Il est clair que cette grève va avoir des effets dévastateurs et tombe au plus mauvais moment”, commente son président, Alain Battisti, au micro d’Europe 1.
Les compagnies victimes malgré elles. Mais ce qui agace le plus les compagnies du secteur, c’est que la grève qui va les pénaliser n’est même pas de leur fait. Les revendications des pilotes portent principalement sur l'abrogation de la loi Diard, qui impose que les grévistes se déclarent individuellement comme tels 48 heures avant le début d'un conflit. Cette disposition vise à permettre aux entreprises de transport aérien d'améliorer l'information des passagers concernant les vols.
Pour le SNPL, elle permet en fait le remplacement des grévistes par des pilotes venus d'autres pays d'Europe, ce qui porte atteinte au droit de grève. Ainsi le dernier conflit au sein de la britannique EasyJet, avec 85% de grévistes, ne s'est traduit par aucune annulation de vol ni aucun retard parce que la compagnie avait remplacé tous les pilotes qui travaillaient en France, indiquait lundi le président du syndicat, Yves Deshayes.
Gouvernement impassible. “Lorsqu’on examine les motivations de la grève, on se rend compte que pour l’essentiel, elles sont liées aux pouvoirs publics, ajoute Alain Battisti de la FNAM. En faisant grève, les pilotes de ligne se trompent de cible. Ils rendent un grand service à la concurrence qui va profiter de la situation.”
Dans une tentative d'apaisement, le secrétariat d'État aux Transports a annoncé dans un communiqué séparé avoir reçu le SNPL "dans le cadre du préavis de grève". "Le gouvernement entend la revendication des pilotes", dit-il. Pour autant, il estime que "le principe de libre-circulation communautaire ne peut pas être remis en cause".
Le gouvernement rappelle que "la mise en place de cette loi ne saurait constituer une atteinte à l'exercice fondamental du droit de grève mais permet d'informer les passagers des perturbations prévues 24 heures avant leur départ".
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