Pour certains, les guerres françaises ont du bon. En ce qui concerne Dassault Aviation par exemple, il s'agit de publicités qui tombent à pic. À peine quelques heures après le début de l'intervention française au Mali, la semaine dernière, l'Inde a en effet annoncé qu'elle envisageait d'acheter 189 Rafales à l'avionneur français, soit 63 de plus que prévu dans un contrat passé en janvier 2012. Montant total de la transaction : 14 milliards d'euros. Peut-on réellement faire un lien avec les opérations militaires de la France ? Éléments de réponse.
• Le Rafale, c'est quoi déjà? Il s'agit d'un avion de conception et fabrication française dit "multirôles", monoplace ou biplace, capable de voler à Mach 1,8, et de combattre aussi bien contre d'autres avions que de bombarder une position. L'interception, l'attaque air-sol, air-mer, la reconnaissance ou encore la frappe nucléaire font partie de ses missions potentielles. D'une envergure de 10,8 mètres, d'une longueur de 15,3 m et d'un poids à vide de 10 tonnes, il est considéré comme discret et difficilement repérable au radar. L'armée française a passé commande de 180 appareils à ce jour.
• Plus de 20 ans d'insuccès. La signature d'un contrat en Inde représenterait le premier succès de Dassault, qui tente d'exporter son avion depuis les années 80. Après avoir essuyé deux gros échecs dans les années 2000 (Pays-Bas et Corée du Sud), l'industriel voit aujourd'hui plusieurs pays repousser indéfiniment leur décision : le Brésil, les Emirats Arabes Unis, la Malaisie et le Canada. Un contrat en Inde pourrait au final influencer leurs choix en faveur du Français.
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• Le contrat indien dû à la guerre ? L'Inde a annoncé en janvier 2012 que le Rafale avait remporté son appel d'offres. La première raison de ce succès vient du prix, jusque là principal défaut de l'avion français, que Dassault a enfin consenti à baisser. Celui-ci est en effet passé de 140 millions à 70 millions d'euros, selon certaines estimations. Mais la guerre en Libye n'est pas étrangère à cette signature. Dépêchés sur place en mars 2011, les avions français y ont mené 2000 sorties, ont volé sept heures de suite et se sont ravitaillés en vol pour larguer les toutes premières bombes occidentales. "Le Rafale s'y est comporté de façon admirable et, ce qui compte plus, c'est qu'il n'y pas meilleur argument de vente que d'avoir fait ses preuves au combat", expliquait ainsi au moment de la signature du contrat Guy Anderson, analyste en chef chez IHS Jane's Defence Industry, cité par L’Expansion.com. Quant à l'intervention au Mali, la concordance des dates est troublante. Et François Hollande lui-même reconnait qu'elle fait une parfaite promo. "C'est un très bon avion. Je n'ose pas dire que l'expérience l'a démontré, mais c'est pourtant le cas, aussi bien en Libye que sur le théâtre malien", a déclaré le chef de l'Etat, en visite mardi aux Emirats arabes unis.
• Vraiment une bonne nouvelle pour la France ? Ce contrat représenterait une bouffée d'air incontestée pour le groupe français. Mais il ne se fera pas sans contreparties. L'Inde demande en effet en échange un transfert partiel de technologie. Et sur les 126 prévus avions au départ, 108 devaient être construits dans une usine indienne.