"Il n’est plus possible de réunir 27 chefs d’Etat pour discuter de mesures de soutien ou de sauvetage de tel ou tel pays". Le constat d’Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, est sans appel, vendredi sur Europe 1 : les difficultés de la Grèce et de la zone euro sont liés à un problème de gouvernance et de réactivité des Européens.
"Qui gouverne ? Qui décide ? Il y a une totale perte de lisibilité et dans ce contexte, il peut y avoir des mécanismes de panique", avance-t-il pour expliquer l’origine de l’emballement des marchés et les attaques contre la monnaie européenne. Avec à la clef "une dégradation très rapide de la situation de l’euro".
"On est actuellement dans une guerre entre le temps des marchés et le temps politique et ce qu’on découvre c’est que le temps politique en Europe est d’une telle lenteur qu’il peut créer des effets économiques dévastateurs", analyse Elie Cohen, avant d’ajouter : "Le retard mis à l’allumage a couté très cher et risque de compromettre la situation".
Simplifier la gouvernance de la zone euro
La spéculation sur la dette des pays européens peut reprendre à tout moment : "la Grèce va être examinée à la loupe tous les 3 mois et si, pour une raison ou une autre elle dérape, la spéculation reprendra contre la Grèce", analyse-t-il. Une réforme de la gouvernance de la zone euro s’impose donc.
"Le problème auquel on fait face aujourd’hui c’est un manque de lisibilité de ce qu’est l’euro, de ce qu’est la zone euro et la gouvernance de la zone euro", explique Elie Cohen, selon lequel "il y a urgence pour mettre en place un dispositif de sauvetage des pays en difficulté qui soit clair, simple, immédiatement lisible".
La France à l’abri
"Personne ne pense aujourd’hui que la France puisse faire défaut", explique l’économiste, d’autant qu’avec les mesures annoncées par François Fillon jeudi soir, "le gouvernement français anticipe un certain nombre de mesures pour envoyer des signaux sur les marchés financiers".
"Il est très excessif de dire que nous sommes dans un plan d’austérité", nuance pourtant Elie Cohen, avant de conclure : "on pourrait et on devra faire plus pour arriver à (un endettement de) moins de 3% du PIB en trois, quatre ans".