C’est un signe de plus, s’il en fallait, de la mauvaise santé de l’économie mondiale. L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P) a abaissé vendredi la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis, privés de leur "AAA" pour la première fois de leur histoire. S&P a annoncé dans un communiqué avoir abaissé d'un cran cette note, la meilleure possible, pour la porter à "AA+". Elle a par ailleurs abaissé la perspective à "négative", ce qui signifie que Standard and Poor's pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être abaissée de nouveau.
L’administration américaine proteste
L’agence a justifié sa décision par "des risques politiques" de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire. Pour elle, le débat politique sur ces questions n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14.500 milliards de dollars. "Le plan de rééquilibrage du budget sur lequel le Congrès et l'exécutif se sont récemment mis d'accord est insuffisant par rapport à ce qui, de notre point de vue, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique", a expliqué l'agence, invoquant la loi dite de "contrôle du budget" votée mardi.
Le gouvernement américain a accusé S&P de fonder sa décision sur des erreurs graves de calculs. "Une appréciation entachée d'une erreur de 2.000 milliards de dollars parle d'elle-même", a affirmé à la presse un porte-parole du département du Trésor. Les médias américains ont affirmé que le gouvernement avait sévèrement contesté les projections des analystes de l'agence après avoir examiné les conclusions de S&P. En vain.
La Chine réagit durement
Si la note américaine reste de AAA chez les deux autres grandes agences, la doyenne Moody's (créée en 1917) et Fitch Ratings, la décision de Standard and Poor’s devrait faire mal à des marchés déjà en grande difficulté depuis une dizaine de jours. Les observateurs craignent d’ores et déjà la réouverture des Bourses mondiales lundi.
Cette décision a également des conséquences au niveau international. Si le Japon, deuxième détenteur mondial de la dette américaine, a assuré que sa confiance dans les bons du Trésor américain et sa stratégie d'achats de ces bons restaient inchangées, la Chine, de loin le plus grand créancier mondial des Etats-Unis, a jugé qu'elle avait "désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette". "Les jours où l'oncle Sam, perclus de dettes, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d'emprunts de l'étranger semblent comptés", écrit ainsi l’agence officielle Chine Nouvelle. Les relations entre les deux géants mondiaux de l’économie pourraient sensiblement se rafraichir à l’avenir.