Les réunions de jeudi dernier et de lundi s'étaient mal passées. La Grèce a donc tenté jeudi de recoller les morceaux avec l'Eurogroupe en lui envoyant sa demande de rallonge de prêt pour les six prochains mois. Une feuille de route qui a légèrement évolué mais visiblement pas assez aux yeux de certains pays, dont l'Allemagne. Ses critiques sont mal passées du côté d'Athènes, qui a répliqué : "l'Eurogroupe n'aura demain que deux choix : accepter ou rejeter la demande grecque". La nouvelle réunion de l'Eurogroupe, prévue vendredi, risque d'être aussi tendue que les précédentes.
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La Grèce change de tête mais manque toujours d'argent. Le plan d'aide dont bénéficie Athènes arrive à échéance fin février mais la Grèce n'a pas reçu tous les sommes promises car elle n'a pas mené toutes les réformes qu'elle s'était engagée à faire. Or cet argent, elle en a grandement besoin car elle doit rembourser plusieurs prêts dans les mois à venir mais n'a pas les fonds suffisants.
La Grèce tente donc de négocier avec les pays de la zone euro pour obtenir le versement des sommes restantes mais peine à convaincre ses partenaires car elle souhaite mener une autre politique que ce qui était prévu. Le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras s'est en effet fait élire en promettant de mettre fin à l'austérité en détricotant une partie des réformes imposées par ses créanciers, l'Union européenne, la Banque Centrale et le FMI. Mais les pays de la zone euro se sont mis d'accord lundi : ils ne prêteront de nouvelles sommes à la Grèce que si cette dernière achève les réformes prévues, quitte à accorder un nouveau délai à Athènes.
Que propose désormais la Grèce ? Pour le parti au pouvoir, Syriza, achever le programme de réformes initié par son prédécesseur reviendrait à renoncer à ses promesses électorales. Athènes tente donc de trouver une autre solution et a envoyé jeudi une nouvelle proposition à Bruxelles. Dans sa proposition d'extension de six mois envoyée jeudi matin à la zone euro, le gouvernement de gauche radicale accepte la supervision de ses créanciers, même s'il n'utilise plus le mot "troïka", une concession majeure pour Athènes.
Il s'engage aussi à "financer pleinement toute nouvelle mesure tout en s'abstenant de toute action unilatérale qui saperait les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière". En clair, la Grèce souhaite mener une nouvelle politique, à l'opposé de ce qui était prévu, mais propose que toute nouvelle mesure soit financièrement neutre : le coût de toute nouvelle réforme non prévue par l'accord d'aide devra être compensée par de nouvelles économies. Et les créanciers de la Grèce auront un droit de regard sur cet exercice d'équilibriste. Quand à la dette, Athènes propose de rouvrir ce dossier dans l'espoir d'obtenir de meilleurs taux d'intérêts, voire un effacement partiel des sommes dues, mais ce chapitre ne sera abordé qu'ultérieurement.
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Que répondent les membres de l'Eurogroupe ? Les pays de la zone euro n'ont pas encore officiellement réagi, mais certains pays partisans d'une ligne dure vis-à-vis de la Grèce n'ont pas tardé à exprimer leur mécontentement. L'Allemagne a ainsi estimé, par la voix du porte-parole du ministère des Finances, que "la lettre en provenance d'Athènes n'est pas une proposition substantielle de solution. (...) Le courrier ne remplit pas les critères définis lundi par l'Eurogroupe". En résumé, la Grèce doit terminer ce qu'elle avait à faire et n’obtiendra un nouveau délai que si elle se tient à cette feuille de route.
Le retour des petites phrases. Sans surprise, l’intransigeance de l'Allemagne a vivement irrité Athènes, qui n'a pas tardé à répliquer. "L'Eurogroupe demain (vendredi, ndlr) a deux options: accepter ou rejeter la demande grecque. Cela laissera apparaître qui veut une solution et qui n'en veut pas", a prévenu un communiqué du gouvernement. Pas sûr que cette sortie calme les esprits à la veille d'un sommet qui s'annonce encore comme celui de la "dernière chance".
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