Depuis sa nomination au ministère de la Santé, Marisol Touraine est la cible d'attaques des syndicats de médecins libéraux. Si la réforme de la santé qu'elle a présentée ce lundi 23 septembre en a fait évoluer certains, elle est encore loin de faire l'unanimité. Principal point de division : la généralisation du tiers payant d'ici 2017.
"Le cap est clair". "Depuis que François Hollande est élu, Marisol Touraine ne fait rien." Avant que la ministre de la Santé présente la "stratégie nationale de santé" du gouvernement, le président de MG France, principal syndicat de généralistes classé à gauche, Claude Leicher, n'avait pas de mots assez durs pour parler de l'action de Marisol Touraine. "Aujourd'hui, se félicite-t-il, le cap est clair." Et de détailler à Europe1.fr : "il y a enfin un déblocage de la filière de formation universitaire de la médecine générale. Un cap affirmé et volontariste sur les soins de proximité. Une ouverture du système du tiers payant à la ville, ce qui la met à égalité avec l'hôpital. Une politique claire sur l'organisation de la médecine de ville en équipe. Et enfin une stratégie de cohérence entre les décideurs de la politique de santé."
En un mot, Claude Leicher se dit "soulagé" que l'exécutif ne continue pas sur la voie du "tout hôpital" empruntée par la précédente majorité pour mettre l'accent, cette fois-ci, sur la médecine de proximité.
"Le sujet n'est pas aujourd'hui réglé". Le son de cloche n'est pas du tout le même du côté de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), plutôt classée à droite. Pour son président Michel Chassang, joint par Europe1.fr, "on ne retiendra de cette réforme que peu de choses, sinon la généralisation du tiers payant. Qui, au passage, n'est pas pour demain puisque la ministre a pris soin de préciser qu'elle serait effective d'ici 2017".
Jusqu'à présent, seuls les allocataires de la CMU (couverture maladie universelle) et de l'AME (Aide médicale d'Etat) en bénéficiaient. Ainsi, comme chez le pharmacien, le patient n'aura plus à avancer l'argent de la consultation, remboursé directement au médecin par l'assurance maladie et la complémentaire.
Mais la CSMF craint que "cette mesure, certes sociale, soit inadaptée à la pratique". Dans un communiqué, elle déplore que la généralisation du tiers payant "ne fera pas diminuer les recours aux urgences (...), il ne fera pas, hélas, non plus baisser la violence dont sont victimes les médecins (...) Surtout, le risque inflationniste réel consécutif à la démonétisation de la valeur des actes et des consultations n'a pas été vraiment débattu". Quoi qu'il en soit, assure Michel Chassang "le sujet n'est pas aujourd'hui réglé".
"18 mois pour ça". Pour sa part, la Fédération des médecins de France (FMF) a déjà prévenu qu'elle allait s'opposer à cette "mesure démagogique", cette "escroquerie médiatique". Car écrit-elle dans un communiqué "le tiers payant chez les généralistes soi-disant pour améliorer l’accès financier aux soins alors que 95% des médecins généralistes sont en secteur 1 et qu’ils acceptent tous CMU, AME et que, malgré l’opposition de certaines caisses départementales, ils pratiquent le tiers payant si nécessaire." "18 mois pour ça", note, ironiquement, la FMF.
Dans un sondage réalisé en février dernier par l’IFOP pour "le Quotidien du médecin", seulement 34% seulement des médecins libéraux faisaient confiance à Marisol Touraine. Pas sûr donc que sa réforme lui permette d'inverser la tendance. Même si elle grappille des points.