"Nous ne sommes pas la variable d'ajustement de tous les problèmes économiques qu'ils rencontrent". Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), a vivement protesté, jeudi sur Europe1, contre la proposition de taxe sur l'huile de palme émise mercredi par les sénateurs socialistes.
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Un amendement au projet de budget 2013 de la Sécu, adopté mercredi par la commission des Affaires sociales du Sénat, prévoit en effet de multiplier par quatre les taxes sur l’huile de palme. Ce produit, qui entre dans la composition de nombreux aliments industriels tels que les chips, les biscuits, la mayonnaise, le chocolat ou encore les glaces, représente également plus de 15 % du Nutella.
"Il n'ont qu'à l'interdire!"
Or, de l'avis de certains sénateurs et nutritionnistes, l'huile de palme est nocive car elle contient beaucoup d’acides gras saturés, susceptibles de boucher les artères. L’industrie alimentaire, selon ses détracteurs, se serait jetée dessus car elle est bon marché. "L'huile de palme en elle-même n'est absolument pas dangereuse en tant que telle pour la santé. Tous les produits autorisés à être consommés sont bons pour la santé si on les consomme raisonnablement", rétorque Jean-René Buisson. Il n'hésite pas à appeler à une "consommation modérée" de l'ingrédient, quitte à réduire les ventes de produits qui en contiennent.
Pourquoi, dès lors, ne pas indiquer la présence de cet ingrédient sur les pots de Nutella précisément ? "Il y a indiqué : 'huile végétale' sur les pots. L'huile de palme est une huile végétale, c'est légal de l'écrire comme ça. Et puis, si elle est dangereuse pour la santé, il n'y a qu'à l'interdire! L'étiquetage dépend de l'Europe. Mais encore une fois, l'huile de palme ne pose aucun problème ", se défend Jean-René Buisson. Il reconnait toutefois qu'elle est encore trop consommée et "qu'il y a des efforts à faire pour réduire l'obésité."
"Des efforts à faire sur l'obésité"
Le patron de l'Ania soutient avoir recensé "déjà 800 millions d'euros de taxes l'an dernier" sur l’agroalimentaire. "Et cette année ça continue, avec la bière et maintenant l'huile de palme. Pourquoi ne pas taxer le vinaigre de carottes non plus?", a-t-il ironisé. "Nous sommes des boucs émissaires privilégiés alors qu'on ne délocalise pas, que l'on maintient nos emplois."
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Au sujet de l'atteinte à l'environnement et de la déforestation provoqués par la culture de l'huile de palme, il réfute aussi en bloc : "nous faisons, en France, attention à ne commercialiser que de l'huile de palme certifiée conforme au respect de la planète, dont la forme de coupe d'arbres est conforme".
Cahuzac soutient la taxe
Reste que l'idée d'une telle surtaxe a fait son chemin. Outre les sénateurs, elle trouve le soutien du ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui a procédé à une charge en règle contre l'huile de palme, jeudi au micro d'Europe1. Sa culture entraîne "des déforestations massives" qui "compromettent l'écosystème", a-t-il taclé. "Il est temps que les consommateurs s'en rendent compte", précise-t-il, laissant entendre qu'il soutiendrait une telle surtaxe, sans le dire ouvertement.
Selon la sénatrice UMP Catherine Procaccia, en revanche, l’huile de palme n’a pas de raison d’être plus taxée qu’une autre. "Si on mange un pot de pâte à tartiner par jour, ou des brioches, ce n’est pas bon pour la santé, donc c’est surtout la consommation que l’on fait de ces produits qui pose problème", défend-elle sur RMC, reprenant l'argumentaire des industriels.
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