La zone euro accueille la Lituanie

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avec AFP
WELCOME - Le pays balte va devenir le 19e Etat de l'Union Européenne à adopter la monnaie unique.

La zone euro va souhaiter la bienvenue à un 19e État. A partir du 1er janvier prochain, la Lituanie adoptera la monnaie unique, comme les deux autres pays baltes, l'Estonie et la Lettonie, qui ont rejoint l'euro en 2011 et 2014. Malgré les turbulences que connait la zone euro, le pays de l'est de l'Europe et ses trois millions d'habitants n'ont pas hésité à sauter le pas. Les Lituaniens enterreront le litas, leur monnaie nationale, pour renforcer les liens avec l'Union Européenne mais aussi pour se protéger de leur puissant voisin, la Russie. L'entrée du pays balte dans la zone euro, dans les cartons depuis quelques années, a cependant pris plus de temps que prévu.

La crise a retardé son entrée. Le pays balte avait espéré intégrer la zone euro en 2007, mais il a manqué de peu le critère du taux d'inflation, une des conditions indispensables pour être autorisé par l'UE à adopter la monnaie unique. Manque de chance, la crise économique a sévèrement touché le pays, son PIB chutant même de 15%. Et, malgré les soubresauts qui ont fait trembler le marché européen, le pays a poursuivi ses efforts pour entrer dans les clous fixés par l'Union Européenne.

Une cure d'austérité fructueuse économiquement... Pour être en conformité avec les règles de Bruxelles, la Lituanie s'est alors astreint à une cure d'austérité drastique. Cette politique douloureuse a porté ses fruits : ces dernières années, le pays a retrouvé le chemin de la croissance et son déficit s'est résorbé. "Le déficit de la Lituanie est maitrisé, l'inflation est assez faible, et sa dette inférieure à moins de 60% du PIB. La Lituanie est un pays solide et bien géré", explique Jean-Dominique Giuliani au micro d'Europe 1, président de la fondation Robert Schuman.

L'interview de Jean-Dominique Giuliani, président de la fondation Robert Schuman :

"La Lituanie est un pays solide"par Europe1fr

...mais socialement délicate. Mais cette politique d'austérité a laissé des traces. Les coupes dans le budget de la sécurité sociale et d'autres dépenses publiques ont déclenché aussi une migration record vers les pays riches, dont la Grande-Bretagne. Et le passage à l'euro divise la population. Sur trois millions d'habitants, quelque 53% soutiennent l'adoption de la monnaie unique, et 39% sont contre, selon un sondage publié en novembre par la banque centrale.

La crainte d'une envolée des prix. La principale crainte des Lituaniens à l'heure de changer de monnaie est une envolée soudaine des prix. "Il y a une crise économique, ça compte. Les opinions demandent à voir. Changer de monnaie ce n'est pas rien, surtout dans un pays qui n'a retrouvé sa souveraineté qu'en 1991", soutient Jean-Dominique Giuliani. Mais le ministre des Finances a tenu à rassurer ses compatriotes. Selon lui, les prix ne devraient augmenter que de 0,2% ou 0,3%.  

L'euro, rempart contre la Russie. Dans le même temps l'euro est aussi perçu comme une opportunité par les Lituaniens. Pour la population, la monnaie unique servira de rempart contre son puissant voisin, la Russie, qui a secoué la région avec son intervention en Ukraine. Ainsi, les chasseurs de l'Otan ont décollé 150 fois en 2014, trois fois plus qu'en 2013, pour "accompagner" des avions militaires russes volant à proximité des pays baltes, selon le ministère lituanien de la Défense. "Je dois admettre que des raisons de sécurité sont parmi les causes du soutien populaire à l'euro", a avoué le ministre lituanien des Finances Rimantas Sadzius. L'encombrant voisin russe n'est décidément jamais bien loin.