La nomination de Christine Lagarde à la tête du Fonds monétaire international, a été presque unanimement saluée par la classe politique française, jeudi soir. Dans un communiqué, l'Elysée a immédiatement indiqué que cette désignation constituait "une victoire pour la France" et que la présidence française se réjouissait "qu'une femme accède à cette importante responsabilité internationale".
"Un choix qui fait honneur à la France", dit Copé
"Le choix de Christine Lagarde fait honneur à la France mais aussi à la politique que nous avons conduite sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy face à la crise. Si nos choix n'avaient pas été les bons, jamais la communauté internationale et le conseil d'administration du FMI n'auraient confié cette responsabilité à Christine Lagarde", a de son côté, estimé le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. Et le patron de l’UMP de louer les qualités de la ministre de l’Economie : "elle a fait preuve d'une grande aptitude à gérer les crises avec sang-froid, réactivité et efficacité".
"Bravo à Christine Lagarde, nommée DG du FMI. Et 1ère femme a occuper ce poste !", a tweeté sa collègue à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Cette décision constitue la reconnaissance d'une femme d'exception, d'une très grande professionnelle internationalement reconnue", a ajouté Alain Juppé. De son côté, le président du Parti Radical, Jean-Louis Borloo, s'est déclaré "heureux et fier pour la France".
"Travaillez avec le souci de la continuité", conseille Hollande
Dans l’opposition, François Hollande a appelé Christine Lagarde à travailler dans la continuité de Dominique Strauss-Kahn. "Christine Lagarde est une Française, elle a des qualités. Je devrais donc me féliciter mais elle n'est pas de la même orientation que son prédécesseur et il faut qu'elle comprenne qu'elle n'est plus ministre de Nicolas Sarkozy". "Nous aurons à travailler avec elle après 2012. Je lui dis : 'travaillez avec le souci de la continuité'", a-t-il ajouté.
De son côté, Laurent Fabius a évoqué un paradoxe. "D’un côté, elle est élue, et c’est très bien que ce soit une Française, une Européenne, et les Français s’en réjouissent. De l’autre, la politique économique de la France est une politique économique que 80% des Français condamnent. Il y a une espèce de dichotomie", a déclaré l’ancien Premier ministre sur Europe 1. "La politique économique de la France est mauvaise : situation commerciale désastreuse, situation budgétaire épouvantable… Et en même temps, elle a su garder une certaine distance vis-à-vis de cette politique inspirée par Nicolas Sarkozy, et du coup, ça l’a mis en bonne position pour le FMI."
"Il y a une espèce de dichotomie" :
"Nous savons ce qui a convaincu dans son cursus les maîtres de la finance. Ce n'est pas sa nationalité, ce sont ses états de service : avocate d'affaires du premier cabinet états-unien, ancienne administratrice d'une grande banque ING direct", a lancé, vachard, le co-président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon.
Son concurrent la congratule
A l’étranger aussi, les messages de félicitations ont afflué. Agustin Carstens, le gouverneur de la Banque du Mexique, seul candidat en lice face à la ministre française, a déclaré qu'il adressait tous ses voeux de réussite à Christine Lagarde, qualifiant la ministre de "dirigeante très compétente".
Le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Timothy Geithner, a indiqué dans un communiqué que "le talent exceptionnel de la ministre Lagarde et sa grande expérience seront des atouts incalculables pour cette institution indispensable en un moment critique pour l'économie mondiale".
D'autres sont, en revanche, bien plus sceptiques et dénoncent la perpétuation d'une direction occidentale et libérale du FMI. "Ce simulacre de processus de nomination porte préjudice à la crédibilité du FMI", a ainsi regretté l'ONG de lutte contre la pauvreté Oxfam.