L'avenir de la zone euro est à nouveau suspendu à un fil. Les Etats membres tentent toujours de trouver une issue à la crise de la dette souveraine qui a débuté en 2010. Une fois encore, le FESF tiendra un rôle central dans les solutions à apporter.
Derrière cet acronyme, on retrouve le Fonds européen de stabilité financière. Retour sur le fonctionnement de ce fonds de secours, objet de toutes les attentions et de toutes les crispations.
Où est son siège et qui le dirige ? Le FESF est au Luxembourg, hébergé par la Banque européenne d'investissement. Il est dirigé par l'Allemand Klaus Regling, ancien de la Commission européenne et du FMI.
Comment fonctionne le FESF ? Le FESF est un organisme mis en place pour prendre le relais des Etats qui ne parvenaient plus à se financer tous seuls. Il émet auprès des marchés financiers des bons qui représentent des parts de dettes. Grâce au soutien des pays de la Zone euro, le FESF dispose de la meilleure note possible auprès des agences de notation : le fameux triple A. Cela l'autorise à emprunter à des taux très bas, par exemple à moins de 3%.
L'argent récolté par ce biais est alors prêté à son tour aux pays en difficulté de la Zone euro à des taux légèrement supérieurs (jusqu'ici 5 à 6%). Sans cette intervention, ces Etats auraient dû contracter des créances à des taux d'intérêt bien supérieurs sur les marchés (généralement à plus de 10%).
Quelles sont les missions du fonds ? Initialement, le FESF avait pour mission première de prêter de l'argent aux Etats. Mais, après l'approbation par les 17 membres de la zone euro des décisions prises le 12 mars 2011 et le 21 juillet 2011, ses compétences ont été élargies. Le FESF peut désormais acheter de la dette européenne sur ce qu'on appelle "le marché primaire", autrement dit directement aux Etats. Les Etats émettent de la dette et le FESF l'achète. Seule condition : que l'Etat s'engage en contrepartie à des réformes économiques précises.
Le FESF peut également intervenir sur le marché dit "secondaire". Il s'agit du marché de l'occasion des titres de dettes déjà en circulation que différents intervenants vendent et achètent en fonction de l'offre et de la demande. C'est un moyen de soutenir les prix des obligations souveraines afin de limiter l'envol des taux d'intérêt pour les pays concernés. Cela permet également que ces actifs ne perdent pas trop de valeur pour les banques qui les détiennent. Le but est aussi de soulager la Banque centrale européenne qui, outrepassant son mandat strict, achète depuis 2010 des créances de pays en difficulté (165 milliards d'euros depuis la crise).
Enfin, le FESF a la possibilité de prêter directement de l'argent à des pays pour qu'ils recapitalisent leurs banques.
Combien peut-il octroyer de prêts ? A ses débuts, le FESF ne pouvait prêter que 250 milliards d'euros. Les 17 Etats membres ont récemment porté ses capacités maximales de prêts à 440 milliards d'euros.
A ses 440 milliards d'euros s'ajoutent 60 milliards d'euros que peut emprunter la Commission européenne et, théoriquement, 250 milliards provenant du Fonds monétaire international, soit un total de 750 milliards d'euros.
Il ne faut cependant pas confondre le montant des prêts accordés et les garanties apportées par les Etats. Afin de conserver le triple A du FESF et de rassurer les acheteurs des titres du fonds si un pays venait à se désister, les Etats ont accepté d'offrir une surgarantie pour les acheteurs et des réserves de cash supplémentaires. Les garanties des Etats ne s'élèvent donc non pas à 440 milliards d'euros mais à 780 milliards d'euros, l'équivalent de 8% du PIB de 2010 de la zone euro, alors que la dette publique représente déjà près de 85,4% du PIB de la région.
Par ailleurs, sur ces 780 milliards d'euros, près de 53,8 milliards sont censés être garantis par la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Ce qui semble un peu paradoxal au vu de leur situation financière.
Combien d'argent a déjà prêté le fonds ? Le FESF a déjà émis 13 milliards d'euros d'obligations pour un montant effectif de prêts de 9,5 milliards d'euros à l'Irlande et au Portugal. L'argent destiné à la Grèce n'a pas jusqu'ici été octroyé par le FESF mais par la troïka composée de la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).
Qui va payer au final ? Les 440 milliards d'euros de prêts du FESF ne sont pas directement mis à disposition du fonds. Ils seront octroyés au fur et à mesure. Si aucun Etat aidé ne fait défaut, ce dont de nombreux spécialistes doutent, les montants prêtés seront remboursés. Mais en cas de défaut, les autres Etats de la zone euro devront mettre la main à la poche et donc, in fine, les contribuables que nous sommes paieront.
Les conséquences ne seraient cependant pas les mêmes pour tout le monde. Chaque pays a apporté des garanties au prorata de sa participation à la Banque centrale européenne. L'Allemagne est le plus gros contributeur avec 27% des garanties du FESF. La France se situe juste derrière avec 20,32%, soit plus de 158 milliards d'euros. Avec l'Italie et l'Espagne, les pays du "big four" du FESF représentent à eux seuls plus de 77% des garanties apportés par les pays de la zone euro au fonds. Autant dire que si l'un de ces quatre pays venait à être en réelle difficulté financière, le fonds aurait bien du mal à y survivre.
Que va-t-il devenir ? Créé le 9 mai 2010, le mandat du FESF prend fin à la mi-2013. Au-delà de cette date, le MES (Mécanisme européen de stabilité) devra prendre le relais avec un budget de 500 milliards d'euros.