L'avis. Le gouvernement français doit-il lever le pied dans sa politique de réduction des déficits publics ? C'est en tout cas une des recommandations du Fonds monétaire international (FMI) dans les conclusions de sa revue annuelle de l'économie française publiée lundi pour ne pas casser la reprise progressive. "Pour la période à venir, de nombreux administrateurs estiment qu'il serait préférable d'opter pour un rythme d'ajustement moins rapide que ne le prévoit le Programme de stabilité de manière à soutenir la reprise hésitante". A noter toutefois, l'institution n'est pas unanime : d'autres administrateurs estiment, à l'inverse, que le rythme actuel doit être maintenu.
Moins d'impôts… Le FMI estime en particulier qu'une hausse de la fiscalité doit être écartée, "étant donné que les taux d'imposition sont déjà très élevés". Or, 6 milliards de hausse d'impôts devraient être annoncées pour boucler le budget 2014, en plus des 20 milliards d'euros de réduction des dépenses prévus. Paris assure être sur la même ligne que le FMI : le budget 2014 "privilégiera les économies de dépenses par rapport aux hausses de prélèvements obligatoires", a réagi mardi le ministre de l'Economie Pierre Moscovici.
…mais aussi moins de dépenses. Devrait-on pour autant en finir avec l'austérité ? Ce n'est pas si simple : le FMI estime que les efforts de réduction de dépenses de l'Etat doivent, eux, se poursuivre, "notamment dans le domaine de la sécurité sociale et celui des dépenses locales où il existe une certaine marge pour réaliser des gains d'efficacité". Il s'agit donc surtout de "rééquilibrer" les efforts d'ajustement budgétaire.
Et encore des réformes. La France doit, de plus, poursuivre ses réformes pour améliorer sa compétitivité, souligne le FMI. Si les administrateurs "saluent les progrès accomplis dans le domaine des réformes structurelles", citant notamment "la vaste réforme du marché du travail adoptée en 2013" et "les efforts" pour "simplifier le cadre réglementaire et améliorer (…) la formation professionnelle", ils estiment cependant que d'autres chantiers pressent.
C'est le cas de la réforme du système des retraites, que le gouvernement compte présenter à la rentrée. Le FMI conseille "d'accroître le taux d'activité plutôt que les taux de cotisation". Sur le front de la compétitivité, une "réduction des cotisations et prélèvements salariaux" est souhaitable selon l'institution. Enfin, "les administrateurs préconisent des réformes plus poussées du marché du travail pour accroître l'emploi des jeunes et des travailleurs peu qualifiés" et "une concurrence plus forte des marchés de produits et de services".
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"La reprise est en cours en France", résume le FMI sur son compte Twitter. "La réduction du déficit peut être plus mesurée, les réformes et les réductions de dépenses doivent se poursuivre." :
#France is recovering. #Deficit reduction can be more measured, reforms and expenditure cuts must continue http://t.co/VZFkAjIQLV#IMFeurope— IMF (@IMFNews) August 5, 2013
Le gouvernement "en plein accord". A Paris, on assure partager les conclusions de l'institution de Washington. Pierre Moscovici relève "une grande convergence de vues avec le FMI sur le diagnostic et l'analyse des risques qui pèsent sur l'activité en Europe et en France." Le ministre affirme être "en plein accord sur la nécessité de donner désormais la priorité à la croissance, ce qui passe par un rythme d'ajustement de finances publiques raisonné et la mise en œuvre de réformes ambitieuses en faveur de l'emploi et de la compétitivité."
Ma réaction au rapport du #FMI sur la France : convergence de vues, priorité à la #croissance, #économies de dépenses http://t.co/2WCfUzNfog— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) August 6, 2013
Bercy en profite pour saluer l'évolution du FMI et des institutions européennes, qui tournent selon lui le dos aux "politiques d'austérité généralisée". Reste à savoir de quelle austérité il s'agit, axée sur la baisse des impôts ou sur celle des dépenses.
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