>> L'info. La Japon va à contre-courant du reste du monde. Alors que l'occident prône l'assainissement des finances publiques et la multiplication des mesures d'austérité, Shinzo Abe, Premier ministre conservateur du Japon, prépare de son côté un plan de relance colossal. Au total, 20.000 milliards de yens, soit 175 milliards d'euros, devraient être réinjectés dans l'économie. A titre de comparaison, cette somme représente un peu plus de la moitié du budget de l'Etat français. Grâce à ce plan, Tokyo espère créer 600.000 emplois, et gagner deux points de croissance supplémentaires.
• Un plan ambitieux. De la somme annoncée, seule la moitié (10.800 milliards de yens, soit 87 milliards d'euros) sortira effectivement des caisses de l'Etat. Le reste sera apporté par les collectivités locales et les entreprises, dans le cadre de mesures d'incitation à l'investissement. Shinzo Abe se fixe deux principaux objectifs. Tout d'abord, il veut reconstruire le nord-est du pays, ravagé par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, et moderniser les infrastructures vieillissantes du pays, telles que les ponts, tunnels et routes. 3.800 milliards de yens (35 milliards d'euros) devraient y être consacrés.
D'autre part, il souhaite renforcer la compétitivité des entreprises nippones, en les aidant à lutter contre la concurrence internationale et en les poussant à investir dans la recherche et le développement de nouveaux produits. Le programme présenté met notamment l'accent sur l'énergie, l'agriculture, la santé ou encore les ressources rares. Le Premier ministre souhaite également que la banque centrale s'implique dans ce plan de relance, en intervenant sur les marchés pour faire baisser le cours du yen. Cette manœuvre permettrait aux entreprises nippones d'exporter plus facilement leurs produits.
• La question de la dette. Une question reste toutefois en suspens : celle du financement de ce gigantesque plan de relance. Le Japon, malgré son statut de troisième puissance économique du monde, souffre d'une dette très importante. Selon le FMI, elle devrait atteindre cette année 244 % du PIB. Même la Grèce, pourtant considérée comme l'un des pays les plus endettés, n'en est "qu'à" 170 %... Dans ces conditions, trouver la somme nécessaire pourrait s'avérer compliqué pour Tokyo. Le gouvernement peut toutefois compter sur le soutien de ses concitoyens. En effet, contrairement aux pays occidentaux, la dette du Japon n'est pas dans les mains de groupes bancaires internationaux mais plutôt dans celles des Japonais, qui en détiennent la quasi-totalité. Ce phénomène particulier permet de maintenir des taux d'emprunt bas, et donc de supporter un niveau de dette très élevé.