L'info. Lisbonne, son soleil, ses collines… Et sa fiscalité ? Alors que les gouvernements européens multiplient les actions pour mettre un terme aux paradis fiscaux, le Portugal semble prendre le chemin exactement inverse. Le pays vient d'adopter une circulaire. Son objectif : permettre aux résidents portugais qui reçoivent une pension de retraite d'une entreprise étrangère d'être, dans certaines conditions, exonérés d'impôts sur celle-ci.
Pour Lisbonne, qui traverse une crise économique grave (la troïka UE/FMI/BCE lui a prêté 78 milliards d'euros en 2011 pour lui éviter la faillite), cette circulaire doit permettre d'attirer en nombre les retraités européens, qui peuvent déjà s'installer comme ils le souhaitent dans l'Union, et de faire venir avec eux une manne financière bienvenue.
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Comment ça marche. La circulaire prévoit de créer un statut spécifique de "résident non habituel", soumis à quelques conditions : vivre plus de 183 jours par an au Portugal, et ne pas avoir payé d'impôt dans le pays au cours des cinq dernières années. Avec cette règle, Lisbonne s'assure que seuls les étrangers pourront profiter de cette niche fiscale, puisque les citoyens portugais y sont déjà imposés et sont donc exclus du programme. Par ailleurs, le gouvernement demande que les nouveaux arrivants ne soient plus imposés dans leur pays d'origine. En clair, il faut faire ses valises pour de bon pour pouvoir en profiter.
Les autres revenus imposés normalement. Alors verra-t-on bientôt des villages entiers de retraités français sur la côte lusitanienne ? Pas sûr. Si la circulaire portugaise présente indéniablement quelques atouts, on est encore loin de la définition du paradis fiscal : les pensions de retraites sont bien exonérées, mais les autres ressources, elles, sont toujours soumises à l'impôt portugais, voire même à celui du pays d'origine. Les dividendes et les intérêts des Français, par exemple, restent taxés en France. Enfin, ce régime fiscal favorable est a durée limitée : le résident ne peut en bénéficier que pendant dix ans, après quoi il redevient imposable comme les autres Portugais.