Un rapport rendu public jeudi dresse un premier bilan du Revenu de solidarité active (RSA), deux ans après la mise en application de ce projet porté par Martin Hirsch, l'ancien Haut commissaire aux solidarités actives. Et les conclusions du comité national en charge de son évaluation sont mitigées. Selon lui, le RSA n'a atteint qu'une partie de sa cible, et s'il diminue "l'intensité" de la pauvreté, ses effets sur la reprise d'emploi semblent faibles.
En juin 2011, il y avait 1,9 million de bénéficiaires en France métropolitaine. Les trois-quarts bénéficient du "RSA socle", l'équivalent de l'ancien RMI qui assure un revenu minimum aux personnes sans travail. Les 500.000 autres bénéficiaires touchent le "RSA activité", qui complète un petit salaire pour les "travailleurs pauvres".
"Méconnaissance du dispositif"
Pourtant, il pourrait y avoir beaucoup plus d'allocataires du RSA. Selon le rapport, 35% des personnes qui pourraient toucher le "RSA socle" ne le demandent pas. Ce chiffre monte à 68% pour le "RSA "activité". Ce taux "considérable" s'explique principalement par une "méconnaissance du dispositif", a détaillé François Bourguignon, qui présidait le comité national d'évaluation du RSA. Le rapport préconise d’envisager "une campagne vigoureuse d'information" pour pallier le déficit d'information des potentiels bénéficiaires.
Par ailleurs, le rapport souligne que le RSA diminue "l'intensité" de la pauvreté, c'est-à-dire l'écart entre le revenu médian des plus pauvres et le seuil de pauvreté (environ 950 euros par mois). En 2010, 150.000 personnes sont sorties de la pauvreté grâce à ce dispositif. Néanmoins, la très grosse majorité des allocataires reste sous le seuil de pauvreté.
"Les gens n'osent pas se lancer"
La faute aussi à un système complexe, selon Jean-Marc Escurier, travailleur social au sein de l'association d'insertion Aurore, qui assure le suivi de 900 allocataires."Au départ, l'idée de pouvoir retrouver un emploi et de garder un socle pour permettre de sortir du seuil de pauvreté, était très bonne. Sauf que le RSA est lié à des droits, comme le transport gratuit ou alors la CMU. Mais quand on travaille ne serait-ce qu'une heure par semaine, on perd ces avantages", souligne-t-il au micro d'Europe 1. "Du fait des inconnues et des pertes attendues, les gens n'osent pas se lancer", ajoute-t-il.
Le rapport rappelle qu'un bénéficiaire du "RSA socle" touche environ 450 euros par mois, soit la moitié du seuil de pauvreté. A court terme, les effets du RSA sur la reprise d'emploi "apparaissent faibles et peu significatifs", conclut le rapport. Le gouvernement planche depuis plusieurs mois déjà sur une réforme qui obligerait les allocataires à travailler un minimum d'heures par semaine.