Un portable en guise de porte-monnaie. Dans la course aux innovations numériques, il ne semblait pas le pays le plus en pointe. Pourtant, le Zimbabwe pourrait bien devenir le premier pays du monde à numériser sa monnaie. C’est en tout cas l’objectif du projet lancé par le milliardaire Strive Masiyiwa et rapporté par CNN. L’homme d’affaires, propriétaire du groupe de télécommunications Econet est en effet à l’origine de la technologie Ecocash. Sur le site dédié à cette innovation, les clients peuvent accéder à leurs comptes en ligne et à toutes sortes de transactions financières (virements d’un compte à un autre, paiement de toutes sortes de biens de consommation, transfert de fonds à l’international).
Succès commercial. Ce service d’un type nouveau connaît un franc succès, en moins de deux ans Ecocash affirme qu’un zimbabwéen sur trois s’est converti à ce nouveau moyen de paiement, pour une moyenne de 200 millions de dollars de transactions mensuelles. "Econet est la réponse stratégique idéale aux enjeux stratégiques que soulève la situation économique du pays" s’est félicité le PDG d’Econet, Darlington Mandivenga. Pour l’entreprise, ce nouveau marché permet d’élargir son panel d’activités et de résister à la concurrence accrue qui frappe les entreprises de télécommunications africaines.
L’Afrique, continent numérique. Et pour cause, avec une croissance de ce marché de 30% par an en moyenne et plus de 650 millions de téléphones portables recensés en 2011, l’Afrique est passée devant l’Europe et les Etats-Unis en nombre de téléphones mobiles. Selon l’observatoire de la GSMA (groupement des plus gros opérateurs mobiles africains), l’activité des opérateurs représente désormais plus de 4% du PIB du sous-continent. Un boom qui s’explique par la faible densité du réseau de téléphonie fixe, dont le taux de pénétration ne dépasse pas les 3% au Zimbabwe.
Le Zimbabwe, une économie dévastée. Mais c’est aussi la grave crise inflationniste connue par le pays qui a permis au système Ecocash de se développer rapidement. La valeur de la monnaie nationale est en effet si dérisoire que la plupart des transactions se font en dollars américains. Une pratique qui n’est pas sans soulever de problèmes : le nombre de billets en circulations limité et la difficulté pour les commerçants à faire de la monnaie ont favorisé le retour du troc. Et l’éclosion du paiement numérique.