Et si vous financiez les travaux d'une école ? En Seine-et-Marne, l'école primaire (publique) de la petite ville de Yèbles peine à accueillir ses 30 élèves de CE1 et de CE2. La mairie a donc lancé une vaste opération de rénovation, pour refaire à neuf les préfabriqués, agrandir la cour de récré… et surtout procéder au désamiantage des locaux. Montant estimé des travaux : plus de 800.000 euros. Un investissement considérable, pour cette commune dotée d'un budget annuel total de 650.000 euros.
De Grégoire à l'école primaire. Grâce aux aides de la région et de la réserve parlementaire des députés du coin, les fonds sont presque tous réunis. Mais il manque encore 40.000 euros. La maire Marieme Tamata-Varin (sans étiquette) a donc pris une mesure inédite en France : faire un appel au financement participatif, au crowdfunding, via le site MyMajorCompany, jusqu'ici plutôt connu pour son financement de projets musicaux, le premier album du chanteur Grégoire par exemple.
"Nous sommes face à l'urgence". "Il y a de l'amiante dans les cloisons, dans le soubassement, dans les dalles. Ces dernières s'enlèvent et en dessous, l'amiante est désormais accessible aux enfants", détaille Marieme Tamata-Varin dans le Parisien. L'élue doit réussir à réunir les fonds d'ici le 8 mars, selon l'accord passé avec le site.
"Il ne s’agit pas là de créer des espaces de loisirs. Il s’agit de construire un lieu où nos enfants vont pouvoir s’épanouir, apprendre et devenir des citoyens responsables. Nous sommes face à l’urgence de la situation et nous ne pouvons pas baisser les bras", défend-elle sur la page du projet.
La commune a-t-elle le droit de faire ça ? Le budget de l'école dépend quasi-intégralement de la mairie, sauf pour ce qui est du paiement des profs (à la charge de l’État). Et chaque citoyen peut faire une donation à sa commune, selon des règles fixées par le code des communes. Mais la mairie peut-elle prendre l'initiative d'appeler aux dons ? "Le seul critère de légalité, c'est l'intérêt communal. Cela se faisait beaucoup au 19e ou au début du 20e, pour rénover des routes notamment. Cela s'appelait 'l'offre de concourt' à l'époque. Ce qui pourrait être gênant, c'est si le bien rénové appartient au domaine privé. Mais une école, c'est bon", décrypte pour Europe1 Grégory D'Angela, avocat spécialisé en droit administratif.
MyMajorCompany recense d'ailleurs un autre cas similaire : en février dernier, la commune de Ladeveze rivière, dans les Midi-Pyrénées, avait réuni 4.000 euros grâce au crowdfunding, pour financer son église. "C'est encore rare, mais on espère que cela va se démocratiser", confie-t-on chez MyMajorCompany. Mis en ligne lundi, l'appel aux dons pour l'école de Yèbles réunissait, vers midi, environ 1000 euros.