Le budget de l'Etat pour 2015 arrive à l'Assemblée. Les députés débattent à partir de mardi. Et même s'ils ne prévoient pas de hausse d'impôts, la bataille s'annonce déjà serrée.
Un budget pas (trop) douloureux. Ni rigueur, ni relance. Voilà comment pourrait se résumer le budget 2015, présenté le 1er octobre par le gouvernement. D'un côté, il prévoit un tour de vis conséquent : 21 milliards d'économies pour l'an prochain, 50 milliards sur trois ans. Certaines charges vont augmenter, comme la taxe sur le gazole (+ 2 centimes par litre) ou la redevance TV (+ 3 euros). Mais d'un autre côté, des cadeaux sont faits aux ménages et aux entreprises : 3,2 milliards de baisses d'impôts (avec notamment la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu) baisses de la C3S, taxe pesant sur les entreprises, élargissement du CICE... "Si on est trop dur, on plombe la reprise. Et si on ne fait pas assez, on est laxiste. 21 milliards, c'est le bon calibrage. C'est un budget sérieux", avait résumé le ministre des Finances, Michel Sapin, mercredi au micro d'Europe 1.
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Des déficits revus à la baisse. Ce "bon calibrage" a conduit le gouvernement a repoussé à 2017 l'objectif européen de réduire le déficit public à moins de 3% du PIB. Celui-ci aurait dû initialement être atteint en 2013, puis en 2015, après le délai accordé par Bruxelles. Or, il devrait grimper de 4,1 % à 4,4 % de PIB cette année, pour ne diminuer que très légèrement en 2015, à 4,3%. La dette devrait même friser les 98% en 2016, avant de commencer à diminuer après. Autant d'éléments qui laissent planer la crainte d'une sanction de ce budget par l'Union européenne.
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Et même ce plan de bataille aux ambitions revues à la baisse pourrait ne pas être tenu. Pour construire son budget, le gouvernement se base en effet sur une prévision de croissance de 1% en 2015. Mais de nombreux économistes estiment qu'elle est difficilement tenable.
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Un débat qui s'annonce houleux. A droite comme à gauche, le budget est déjà critiqué, mais pas pour les mêmes raisons. L'ancien Premier ministre UMP François Fillon a dénoncé un budget "pas sincère, qui tourne le dos à tous les engagements de la France en matière de réduction des déficits". Outre "la crédibilité" du pays, ce budget pénalisera "les classes moyennes car la suppression de la première tranche d'impôt va se répercuter sur elles", mais aussi les collectivités territoriales, a renchéri le chef de file des députés UMP Christian Jacob.
Quant à la gauche de la gauche, elle dénonce un soutien jugé excessif aux entreprises, qui se fait aux dépens des ménages. Le Front de gauche dénonce la poursuite de "l'austérité". "Ce budget ne correspond pas à ce pour quoi les gens ont voté pour François Hollande en 2012", s'est également indignée l'ex-ministre écologiste Cécile Duflot, qui ne le votera pas.
Ce qui pourrait être modifié à l'Assemblée. Dans les rangs socialistes, les frondeurs se montrent également critiques, et réclament plus de mesure pour les ménages. Jean-Marc Germain, Aurélie Filippetti ou encore Benoît Hamon ont fait savoir qu'ils ne soutenaient pas le texte en l’État.
Une majorité de députés devraient tout de même voter le texte, mais peut-être pas sans modifications. En commission des Finances, trois amendements ont en effet été adoptés pour compenser la baise de dotation aux collectivités locales (- 3,7 milliards d'euros). Les députés ont en effet voté environ 650 millions d'euros d'aide en plus que celles prévus par le budget 2015, selon Le Figaro. Selon le quotidien, les députés de la majorité songent également à augmenter la taxe sur le gazole pour les poids lourds.