Les patrons de club sont contre la taxe à 75%, mais ils bénéficient pourtant de nombreux deniers publics.
Le football français se porte bien. Des superstars font rêver les supporters et des équipes de dimension européenne se disputent le titre. Le foot est un business juteux et les clubs sont des entreprises privées soumises à l’impôt. Afin de défendre leurs intérêts, les patrons de clubs n’hésitent pas à monter au front pour se plaindre, comme avec la taxe à 75%, mais se font plus discrets quand l’argent public soutient leur activité. Europe1.fr fait les comptes.
>> Ce que le foot rapporte à l'Etat
Les impôts et autres taxes. Selon le dernier rapport de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), la contribution fiscale et sociale pour la saison 2011-2012 est de 687 millions d’euros. Cette somme correspond à l’impôt sur le revenu payé par les joueurs, l’impôt sur les sociétés payé par les 40 clubs professionnels (Ligue 1 et Ligue 2) et les charges sociales. Les revenus des clubs proviennent principalement des droits de retransmission télévisuelle (58%), de la billetterie (14%) et d’autres recettes (10%), selon Bastien Drut, dans son livre Économie du football professionnel, cité par FranceTV Info.
Ce que change la taxe à 75%. Ce nouvel impôt coûterait 44 millions d'euros aux clubs professionnels de football, selon une estimation de la Ligue de football professionnel. Les patrons de club refusent cet impôt qui viendrait s’ajouter à leur déficit, estimé à 60 millions d’euros. Ils demandent donc une ristourne à l’Etat. Pour le PSG, club qui paie les plus gros salaires, la taxe coûterait 20 millions d'euros.
La taxe sur les spectacles. Un match de foot est-il un spectacle comme un autre ? La réponse a de l’importance : il existe une taxe sur les billets destinée aux communes. Selon le bon vouloir du maire, les clubs doivent la payer, ou pas. Le PSG a payé en 2012 environ 3 millions d’euros à ce titre. Les Sang et Or de Lens, les Aiglons de Nice ou les Girondins de Bordeaux n’ont pas déboursé un centime.
>> Ce que le foot coûte
Les subventions. La loi est très précise sur ce que les collectivités peuvent donner aux clubs au titre du fonctionnement : 2,3 millions d’euros. Toutefois, cette somme est souvent dépassée grâce à divers largesses politiques ou des montages financiers. Par exemple, le PSG a une fondation qui touche des subventions par le Conseil général ou la Région. Le club reçoit 2,3 millions d’euros par la mairie de Paris. Parfois, des clubs bénéficient de crédits exceptionnels, comme le rapporte FranceTV Info qui cite l’exemple du club d’Istres qui a fait un bref passage en Ligue 1 et dont la tribune du stage a été rénovée et dont 65% des places ont été achetées par les collectivités locales.
Les stades. En France il y une particularité : les équipes jouent dans des stades qui appartiennent aux collectivités locales. Par exemple, le Parc des Princes est la propriété de la ville de Paris. En toute logique, lorsqu’il faut remettre un stade aux normes ou l’agrandir car l’équipe qui y joue compte de nombreux supporters, c’est les collectivités locales qui mettent la main à la poche. En contre-partie, les clubs paient un loyer, mais celui-ci est loin d'amortir les frais d'entretien et de gestion du stade. Le nouveau stade de Lille aurait coûté 282 millions d'euros officiellement. Mais selon le Nouvel Observateur, la facture est plutôt de 800 millions d’euros, dont 500 millions à la charge du public. En effet, outre le prix du stade, il faut prendre en compte la construction d’accès routier et les loyers versés pendant 31 ans au constructeur.
Un cas à part. Petite exception pour Lyon dont l’équipe, cotée en Bourse, finance la construction de son stade. Les collectivités sont également appelées à la rescousse. Le tramway et une bretelle d’autoroute vont assurer l’acheminement des supporters vers le temple de l’OL. Coût de la facture pour les contribuables : 400 millions d’euros selon les détracteurs du projet.
Un régime fiscal avantageux. L’impôt est soumis à résidence. Ce principe concerne tous les contribuables en France, sans distinction de nationalité. Toutefois, un dispositif existe pour les personnes, françaises ou étrangères, s’installant en France : l’impatriation. Il permet aux joueurs arrivant de l’étranger d’avoir un rabais de 30% sur leur feuille d’impôt et évite aussi de payer l’ISF. Un manque à gagner important pour l'Etat quand on sait que certains salaires dépassent le million d’euro. Mais ne jetons pas l’opprobre sur Ibrahimovic ou Falcao, ce régime est valable pour tous les salariés, quel que soit leur secteur d'activité.
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