Y a-t-il un malaise général à La Poste ? Le suicide de deux cadres de l'entreprise en dix jours sème le trouble sur les conditions de travail dans l’entreprise alors que les syndicats dénoncent à l'unisson un mal-être des salariés. Ils ont appelé la direction à réagir d’urgence.
"Qu'est-ce que je peux argumenter de plus?"
Plusieurs témoignages de salariés appuient le sentiment de "mal vivre au travail" décrit par les syndicats. Ainsi, pour Julie, une ancienne commerciale de l'entreprise, ce sont les méthodes de management qui sont en cause, avec toujours plus de résultats demandés. De plus, comme ses collègues, Julie était notée toutes les semaines. "Ils me pointaient du doigt en me disant : ‘comment cela se fait-il que les chiffres ne sont pas là’, confie-t-elle à Europe 1. "Devoir toujours se justifier, toutes les semaines," a conduit la jeune femme à la démission. Avec ce constat d'impuissance : "qu'est-ce que je peux argumenter de plus ?"
La remplaçante de Julie, âgée de 26 ans, a subi un traitement similaire. "Petit à petit, ils ont commencé à chercher des erreurs, à fouiller dans mes dossiers, à surveiller tout ce que je faisais", déplore-t-elle. "Je pleurais souvent. Au final, j’ai même pensé au suicide. Ça donne vraiment envie de sortir du bureau et de se tuer", confie la jeune femme. Placée sous anti-dépresseurs par son médecin, elle est aujourd’hui en arrêt maladie depuis six mois.
"Il faut ré-humaniser la Poste"
Pour la CGT, premier syndicat du groupe, "il faut ré-humaniser la Poste" et "stopper immédiatement les réorganisations". Le syndicat dénonce une course au profit qui engendre une "véritable catastrophe humaine" au sein du groupe, devenu le 1er mars 2010 une société anonyme à capitaux publics.
De son côté, la direction de La Poste a annoncé qu'elle ferait "une première série de propositions" après des discussions cette semaine dans le cadre d'"un cycle d'écoute sur la santé au travail", annoncé par le PDG Jean-Paul Bailly après le drame de Rennes.