Le manque d’accès au crédit tue les TPE

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Alexis Toulon et Carole Ferry , modifié à
ETOUFFEMENT - Les banques sont réticentes à prêter aux petites entreprises, non par peur du risque, mais par appât du gain, selon le syndicat des indépendants.

Le ministre de l’Economie a reçu vendredi un rapport de Jeanne-Marie Prost, médiatrice nationale du crédit, sur le financement des TPE-PME. Et il est temps que le gouvernement s’empare du sujet : le document pointe les difficultés à emprunter auprès des banques pour les entreprises de moins de 20 salariés. Et ce n’est pas le manque de confiance dans la capacité de ces entrepreneurs à rembourser qui freine les établissements de crédit, mais l’intérêt qu’elles ont à laisser courir les découverts, et à récupérer les frais engendrés.

Les découverts rapportent plus que les prêts. Le calcul des banques est simple, selon Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants : "Un découvert en compte c’est jusqu’à six fois plus rentable qu’un crédit classique". Et la facture peut devenir très vite salée si par manque de trésorerie, le découvert autorisé est dépassé. Dans ce cas,  "les frais peuvent monter jusqu’à 500 ou 600 euros par mois", assure le délégué.

Une stratégie qui détruit le tissu des TPE. Le problème pour les petites entreprises c’est que faute de financement, elles ne peuvent pas développer leur activité, et encore moins faire face à un retournement de l’activité. Amandine, fleuriste, témoigne au micro d’Europe 1 de la spirale infernale dans laquelle elle est tombée le jour où sa banque lui a refusé un crédit de 10.000 euros. Faute de trésorerie, "j’ai dépassé mon découvert autorisé", confie la fleuriste. "Je me retrouvais avec des 300 euros de frais par jour. A ce rythme, on ne peut plus s’en sortir. On a engendré des frais et des frais", assure Amandine. Au final, son chiffre d’affaires suffit tout juste à rembourser les frais que lui impose la banque. Elle sera finalement sauvée par une amie qui a contracté pour elle un prêt à la consommation, qui lui a permis de rembourser le découvert.

Un problème qui touche de nombreuses TPE. Actuellement, seulement 24% des toutes petites entreprises parviennent à régler leurs problèmes de trésorerie grâce à un crédit classique. Mais cela va changer comme l'a expliqué vendredi Arnaud Montebourg au micro d'Europe 1 : "Pour la première fois, tout le monde est tombé d’accord pour dire qu’il y a un refus de crédit qui est très élevé chez les TPE". Le ministre de l'Economie a, par ailleurs, dénoncé les pratiques des banques et "trouvé très utile que les banques aient accepté de prendre des engagements". Dans les faits, elles auront l'obligation de donner des explications sur le refus, devront répondre à une demande sous 15 jours maximum et diminuer les frais de découvert pour les TPE.

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