Vocable indispensable à la panoplie lexicale du pédant qui n’en peut mais, le patio sublime la moindre courette, illustration d’un luxe antique voguant entre péristyle grec et atrium romain. Que d’aucuns confondent allègrement avec une entrée, abusés par la situation du patio de la domus impériale, dans la continuité du vestibule.
Vocable indispensable à la panoplie lexicale du pédant qui n’en peut mais, le patio sublime la moindre courette, illustration d’un luxe antique voguant entre péristyle grec et atrium romain. Que d’aucuns confondent allègrement avec une entrée, abusés par la situation du patio de la domus impériale, dans la continuité du vestibule.
Un patio dont l’étymologie ne saurait se montrer plus simple puisqu’il s’agit d’un emprunt direct à l’Espagne, un pays fier de ses maisons andalouses à la cour intérieure à ciel ouvert, le plus souvent cernée d’arcades ou de colonnes, sur laquelle donnent toutes les pièces. Une architecture aveugle à l’extérieur qui n’est pas sans rappeler les riads d’Afrique du Nord. La conquête arabe de la péninsule ibérique n’y étant sûrement pas étrangère. En tout cas, l’opportunité pour nous d’une promenade dans la cour.
Cour de ferme et Sénat.
L’histoire du mot cour est assez révélatrice des envies de grandeurs, bien compréhensibles, du citoyen ordinaire car à l’origine, le latin curtis, désigne une cour de ferme que l’ancien français cort a transformé en espace découvert cerné de murs, tout de même plus noble, pour devenir, trois siècles plus tard, une ferme ; un retour aux sources en quelque sorte. Et la logique aurait voulu que cela donne, en français moderne, court.
Mais voilà, concomitamment, le latin curia, lieu de réunion des sénateurs romains, est devenu au Moyen-Age la garde rapprochée puis la cour d’un prince. Qui est entrée en collision avec notre exploitation agricole, lui conférant un zeste nobiliaire. Il n’en fallait pas davantage pour que notre court de ferme devienne une cour ! Mais l’inverse se vérifia avec la cour seigneuriale ou royale qui nous a donné courtisant ou courtois ! Un « t » baladeur, en quelque sorte.
Péristyle et atrium.
L’Antiquité avait bien compris l’intérêt d’une cour intérieure puisque nous en avons des exemples aussi bien chez les Grecs (maisons à péristyle) que chez les Romains toujours inspirés par les Hellènes avec leur atrium qu’on retrouvera quelques siècles plus tard, toujours en Italie, avec les cortile, et bien sûr, chez les Espagnols avec le patio. Un atrium qui deviendra rapidement la pièce principale de la domus latine, pavé de marbre et de mosaïques souvent orné en son centre d’une fontaine. Une cour intérieure qui est parvenue jusqu’à nous avec le patio qu’on ne saurait confondre avec une entrée, aussi luxueuse fut-elle, abusé par la situation de son ancêtre romain, dans la continuité du vestibule.
La basse-cour.
Finalement, on peut légitimement se poser la question : qu’est-ce qu’une cour ? A priori, un espace découvert enfermé de bâtiments. Avec quelques subtilités, cependant, avilissantes à souhait, comme la basse-cour, ce lieu réservé aux bas officiers ( !), serviteurs et autres domestiques qui deviendra rapidement, dans tous les corps de ferme, l’endroit des animaux comestibles voire utilitaires, la volaille pour l’essentiel. Mais la cour, c’est aussi cet espace compris entre le château et son enceinte, qui abrite notamment les écuries, bien plus nobles à l’évidence.
Un lieu d’échange et d’hygiène.
On l’aura compris, la cour constitue un lieu d’échange et de rencontre au sein d’une famille bien sûr mais aussi d’une communauté : monastère, hôpital, école, ou… prison. Un principe bien compris par Charles Fourier au XIXe siècle avec ses phalanstères, repris par Haussmann qui imposera une cour intérieure aux îlots construits lors de la réfection de Paris, source d’aération et d’éclairage chère aux hygiénistes de l’époque, concevant, pour ce faire, des immeubles en L ou en U. Mais que le XXe siècle, avide de barres d’immeubles et de tours, abandonnera au profit de quelques espaces verts disséminés ici ou là. A ce propos, on notera que dans de nombreuses grandes villes, on a abusivement donné le nom de cour à de simples passages, parfois des impasses, qui n’ont rien en commun, ni architecture ni propriétaire, ce qui semble pourtant le propre d’une cour.
La cour des Miracles.
Dans le Paris du Moyen-Age, les portes d’Eglise étaient encombrées par des gueux et autres relégués, mendiants professionnels, faux estropiés exposés à la compassion des bons Chrétiens. Puis, le soir venu, retournés dans leurs quartiers misérables (place des Vosges, rue de la Grande-Truanderie…), manchots, aveugles et autres culs-de-jatte retrouvaient instantanément une santé qui semblait pourtant bien précaire quelques instants plus tôt. Un vrai miracle qui se renouvelait chaque jour que Dieu faisait…
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