25% au plus vite et 25% plus tard, sous conditions. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé mercredi à l'issue du conseil des ministres la feuille de route décidée par le gouvernement concernant le relèvement du plafond du livret A, dont François Hollande avait promis le doublement.
Dans le détail, le relèvement de 25% du plafond du Livret A sera effectif mi-septembre et le portera à 19.125 euros, a indiqué le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse à Bercy. Une deuxième hausse de 25% est prévue d'ici la fin de l'année. Le Livret de développement durable (LDD) verra lui son plafond doubler mi-septembre, ce qui le fera passer de 6.000 à 12.000 euros.
Avant son élection en mai, le candidat Hollande avait promis un doublement du plafond du livret préféré des Français, qui passerait ainsi de 15.300 à 30.600 euros. Cette réforme, initialement prévue, dans le projet électoral, pour le mois de juillet, avait été reportée. Avant la pause estivale, le ministre de l’Économie avait assuré que cette "promesse" serait "tenue", tout en précisant qu'elle serait "mise en œuvre au fur et à mesure des besoins".
Fausse solution ou "offensive bancaire" ?
Ces hésitations s'expliquent en partie car le manque d'argent n'est pas le principal problème pour la construction de logements sociaux. Selon les banques, l'argent collecté répond déjà largement aux attentes. Sur les 230 milliards d'euros déposés sur des comptes livret A, environ 120 milliards seulement servent en effet à construire des HLM. Le reste dort, faute de terrain disponible pour construire.
Les banques craignent également que des liquidités soient retirées des produits d'épargne qu'ils proposent pour y être transférées, alors que les futurs cadres réglementaires imposent notamment aux banques de renforcer leurs fonds propres, qui ne prennent que partiellement en compte le livret A. De plus, pas plus de 9% des épargnants atteignent le plafond de 15.300 d'euros. Le relèvement ne profiterait qu'à ces derniers.
Enfin, s'il en est une qui n'en profiterait pas, c'est l'Assurance-vie. Contrairement au livret A, l'argent qu'elle fait gagner aux épargnants est soumis à l'impôt. Un doublement du plafond du livret A pourrait inciter certains gros épargnants à profiter de ce dernier aux dépends de l'Assurance-vie, qui sert pourtant à financer les entreprises et l’État.
Des critiques que les organismes de HLM n'entendent pas. Selon l'Union sociale pour l'habitât, "tous les prêts consentis à la Caisse des dépôts grâce au Livret A se transforment immédiatement en travaux (notamment dans la filière du BTP) et en emplois non délocalisables, ce qui profite à l'économie", assurait l’organisme le 16 juillet dans un communiqué. L’Union dénonce ainsi "une offensive bancaire" contre la promesse de François Hollande.
Vers une collecte record
Qui plus est, le livret A n'est déjà pas à plaindre. Et la collecte s'achemine vers des records. Sur les sept premiers mois de 2012, elle s'est élevée à 13,29 milliards d'euros, soit un niveau supérieur à celui enregistré sur la même période en 2011 (12,14 milliards). L'année dernière avait pourtant été la deuxième meilleure de l'histoire du Livret A avec 17,38 milliards d'euros de collecte nette.
Le record historique date de 2008, année du déclenchement de la crise financière, avec 18,7 milliards d'euros, 2009 arrivant en troisième position avec 16,55 milliards. En dehors de ces trois années exceptionnelles, le Livret A n'a jamais dépassé 7,05 milliards de collecte nette annuelle en 194 années d'existence. Fin juillet, 230,2 milliards d'euros étaient déposés sur un Livret A, dont le taux a été maintenu à 2,25% début août.