La crise pousse lentement Altia et ses Caddie vers la faillite. L'industriel français avait déjà placé, en juin, sa célèbre filiale de chariots en redressement judicaire. Et la semaine dernière, le groupe a déposé le bilan de la quasi-totalité de ses 48 entreprises, a fait savoir lundi le directeur général, Michel Rességuier. Confronté aux difficultés de ses entités, le groupe métallurgiste a demandé à bénéficier d'une procédure collective de redressement, qui a été acceptée par le tribunal de commerce de Paris vendredi.
Présents dans de nombreux domaines. Avec plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires et 3.500 salariés, dont 1.000 en France, le métallurgiste français est devenu un poids lourds dans de nombreux secteurs, particulièrement présent dans la sous-traitance automobile et agricole, dans l'électroménager ou le secteur médical. Il est notamment spécialisé dans le décolletage, l'usinage, la plasturgie, la métallo-plasturgie et la carrosserie de cabine. Sa faillite représenterait donc l'une des plus importantes en France depuis le début de la crise.
Un échec de la BPI. Le naufrage d'Altia pourrait d'ailleurs prendre des allures politiques. Bercy "suit le dossier de près", assurent les services du ministère de l'Economie. Et pour cause, l'Etat est actionnaire du métallurgiste à 20 %, via la Banque publique d'investissement (BPI), depuis 2011. À l'époque, Altia était une jeune PME prometteuse : elle venait de reprendre un important fournisseur de PSA et Renault, et voulait consolider la sous-traitance automobile française. Mais la crise est passée par là. Et les usines du groupe ont commencé à sombrer une par une.
Bpifrance avait donné son accord fin mai pour un refinancement du groupe, à hauteur de 2,5 millions d'euros dans un premier temps. "Mais depuis juin, elle nous a beaucoup soutenu en injectant 8 millions d'euros", défend Michel Rességuier. Mais ce n'est pas l'avis des syndicats, pour qui la Banque publique porte une responsabilité : "la BPI n’a pas voulu remettre de l’argent. Moralement, c’est une catastrophe pour les salariés", explique aux Echos Sylvie Legarlantezeck, de la CGT, pour qui la BPI avait promis 5 millions de plus.
Toutes ne vont pas si mal. Deux entreprises du groupe échappent tout de même à la procédure de redressement judiciaire : Normatec, un fabricant de pièces métalliques, et la Holding Altia Finances. Et pour les autres, "l'objectif est d'avoir cédé tout le monde d'ici fin septembre", a fait savoir Michel Rességuier. Autrement dit, de trouver des repreneurs pour chaque activité. Et là encore, certains secteurs devraient mieux s'en sortir. "Globalement, l'industrie automobile est plutôt bien rodée à ce genre de situation et soutient bien. Ce soutien est moins fort dans la grande distribution, et dans l'activité fabrication de sous-ensembles", détaille Michel Rességuier.
Caddie fixé en septembre ? Altia avait repris Caddie, en difficulté, il y a deux ans. Mais il n'avait pas réussi à redresser la barre et avait placé le fabricant de chariots en redressement judiciaire en juin. La date limite de dépôt des offres pourrait être fixée à la mi-septembre. Et le sort des fameux chariots pourrait donc être scellé fin septembre, selon Les Echos.