Le chiffre. Le PIB français ne devrait finalement pas reculer de 0,3% cette année, mais plutôt augmenter de 0,3% ! C'est en tout cas la nouvelle prévision de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), revue nettement à la hausse après son précédent pronostic publié au mois de mai.
Cette franche révision à la hausse fait de l'OCDE l'organisation la plus optimiste, et de loin, sur la croissance française. Même le gouvernement français mise sur une hausse moins forte du PIB, de l'ordre de 0,1%. Quant au Fonds monétaire international (FMI) et à la Commission européenne, ils tablent respectivement sur des baisses de 0,2% et de 0,1%.
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Pourquoi un tel optimisme ? Contrairement au FMI et à la Commission européenne, l'OCDE a pris en compte la bonne surprise du deuxième trimestre lorsque le PIB français a progressé de 0,5%, bien au-delà des attentes, autour de -0,1% à +0,1%. Joint par Europe1.fr, Christophe Marques, économiste au sein du cabinet de conseil Asteres, évoque "une légère croissance aidée par un effet de base et un effet météorologique". "Un effet de base car les indicateurs conjoncturels et le climat des affaires étaient tombés si bas qu'on allait forcément redémarrer à un moment", souligne l'économiste, "et un effet météorologique car les températures fraîches au printemps ont augmenté notre consommation d'énergie pour nous chauffer". Sur les 0,5% de croissance, 0,2 points s'expliquent également par la reconstitution de stocks au sein des entreprises, ajoute Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM.
La croissance du deuxième trimestre n'est-elle donc que temporaire ? Non, car on a également assisté à un léger rebond de la consommation des ménages qui a notamment entraîné une hausse des immatriculations, notent les économistes.
Une amélioration qui se poursuit, pas une reprise. "La surprise, c'est que l'amélioration du deuxième trimestre qui venait de la consommation et des stocks, d'après les prévisions de l'OCDE, se poursuivrait", juge l'économiste Jean-Paul Betbèze, président de la société Betbèze Conseil. "Cela veut dire que les entrepreneurs continueraient à restocker et commenceraient à investir dans un paysage qui deviendrait peu à peu meilleur". De là à parler de reprise ? Non, répond Jean-Paul Betbèze : "la reprise, c'est quand l'investissement des entreprises est là. Pour le moment, au deuxième trimestre de l'année, il n'était pas encore là. Les entrepreneurs sont inquiets, ils regardent leurs marges, leur environnement. Ils sont prudents". Avis partagé par Philippe Waechter, qui préfère parler d'"un ajustement" après une période, fin 2012 et début 2013, "où l'économie était très contrainte".
A noter, par ailleurs, que la France n'est pas la seule à bénéficier de ce regain d'optimisme de l'OCDE : en Allemagne, l'organisation s'attend à une hausse du PIB de 0,7%, au lieu de 0,4% précédemment, et au Royaume-Uni de 1,5% contre 0,8% auparavant. Quant aux Etats-Unis, ils mènent toujours la reprise des économies développées avec une croissance attendue cette année à 1,7%, mais revue en baisse de 0,2 point.
Pour autant, la reprise est fragile. Prudence toutefois, l'OCDE appelle à soutenir une croissance encore fragile : la reprise mondiale n'est pas "fermement établie", au vu notamment des "difficultés auxquelles font face certaines économies émergentes, en particulier celles ayant d'importants déficits courants", note l'organisation.
L'OCDE appelle donc les banques centrales à poursuivre leurs politiques de soutien à la croissance : "il est nécessaire de continuer à soutenir la demande, y compris à travers des mesures de politiques monétaires non-conventionnelles, pour réduire le risque d'un déraillement de la reprise". Un message également adressé aux dirigeants du G20 qui se réunissent mercredi à Saint-Pétersbourg.