Les Français mangent de plus en plus de bio, évitent les OGM mais sont-ils aussi consciencieux lorsqu’il s’agit d’acheter du thon en boite ? Visiblement pas, à en croire une étude menée par Greenpeace. L’ONG a comparé les méthodes de pêche et de traçabilité des principales marques françaises. Verdict ? La majorité du thon consommé en France est issue d'une pêche non durable. Et chacun est concerné puisque chaque Français consomme en moyenne 2,7 kilos de thon par an, le plus souvent en conserve.
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Une étude complète. Pour savoir d’où provient le thon que consomment les Français, Greenpeace a sollicité les dix plus grosses marques de thon en conserve, qui représentent 75% de la consommation hexagonale.
L’association a posé les questions suivantes à chacune des marques : quelles espèces de thon sont capturées ? Avec quelles techniques de pêche ? Quelles mesures sont prises pour éviter la pêche illégale ? Comment est assurée la traçabilité des poissons ? Le consommateur est-il informé ?
Le verdict : seules deux marques ont la moyenne. En croisant tous ces critères, Greenpeace a attribué des notes. A la fin, seules deux marques obtiennent la moyenne : Phare d'EckMühl et Système U. "Ces deux marques s'approvisionnent en majorité ou en totalité avec du thon pêché grâce à une méthode sélective - la canne ou la ligne de traîne - et utilisent des thons provenant de stocks en bon état, comme le thon listao", se félicite l'ONG.
Pour les autres entreprises sondées (Carrefour, Auchan, Intermarché, Connétable, Saupiquet, Petit Navire et Casino), "l'approvisionnement des plus grandes marques repose essentiellement sur une pratique de pêche destructrice", accuse l’ONG. Quant au groupe Leclerc, qui se vante d’être le moins cher, il n’a tout simplement pas répondu aux questions de Greenpeace.
Un classement résumé dans ce tableau :
Pourquoi parle-t-on de pêche non durable ? Car le thon est obtenu par des méthodes qui ne préservent pas le renouvellement des poissons. Souvent parce que les pêcheurs ne font pas tout pour éviter de prélever les espèces de thon en danger, à l’image du "thon albacore de l'Atlantique, dont le stock est surexploité, et qui est largement utilisé dans les conserves vendues en France", regrette Greenpeace. A l’inverse, l'ONG attribue un bon point aux marques qui privilégient le thon listao "dont les stocks sont en bon état".
Autre reproche : la technique de pêche utilisée. Qu’il s’agisse des "dispositifs de concentration de poissons" ou encore du chalutage de fond, le reproche est toujours le même : des techniques qui capturent tous les poissons, quelles que soient leur espèce ou leur dimension. Résultat : de jeunes poissons capturés avant d’atteindre l’âge adulte et des espèces qui ne sont pas visées mais se retrouvent quand même dans les filets (tortue, raie, requin, etc.). Dernier reproche : l'absence de traçabilité, qui empêche le consommateur de savoir ce qu'il achète et n'incite pas l'industrie agroalimentaire à éviter les techniques de pêches décriées.
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