Les chiffres. Souvent loués pour la réussite de leur économie, les Allemands sont en réalité moins "riches" que les Français et même… que les Espagnols. Un foyer allemand possède ainsi un patrimoine net de 195.000 euros en moyenne, contre 229.000 euros en France et 286.000 euros en Espagne, selon une étude de la Bundesbank.
La différence est encore plus frappante en prenant le patrimoine médian (le chiffre au dessus et en dessous duquel il y a le même nombre de ménages), plus représentatif de la population. En Allemagne, ce seuil s'élève à "seulement" 51.400 euros, contre 113.500 euros en France et même 163.900 euros en Italie ou 178.300 euros en Espagne.
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Une "bonne surprise" pour Angela Merkel ? La première leçon à tirer de ces chiffres, c'est qu'ils donneront des arguments aux Allemands partisans de l'austérité en Europe, au premier rang desquels le gouvernement. "C'est une surprise très utile pour Angela Merkel. Cette étude fait mouche auprès des Allemands qui refusent de payer pour les pays du Club med, dont beaucoup sont plus riches qu'eux", décrypte ainsi l'éditorialiste d'Europe1, Eric Le Boucher. En clair, l'étude enlève des arguments aux pays surendettés qui seraient tentés de réclamer l'aide des Allemands, sans faire d'efforts. "Ce qui est sûr aussi, c'est qu'elle ne va pas renforcer le sentiment pro européen des Allemands", poursuit Eric Le Boucher.
Des inégalités marquées en Allemagne. Sur le fond, comment expliquer que les Allemands se font ainsi doubler ? L'une des principales raisons tient dans la répartition inéquitable du patrimoine allemand. Les 10% des ménages les plus riches détiennent ainsi 59% du patrimoine allemand. Et la fracture se fait notamment ressentir entre l'ex-Allemagne de l'Est et l'ex-République fédérale de l'Ouest. Le patrimoine moyen est ainsi trois fois plus élevé à l'Est qu'à l'Ouest, assure la Bundesbank. En prenant seulement les chiffres de l'Allemagne occidentale, l'écart avec la France se réduit sensiblement.
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Une affaire de tradition. Si les Allemands sont aussi "peu" riches en patrimoine, cela ne signifie pas non plus qu'ils ne sont pas riches tout court. Les Allemands restent en effet les premiers en Europe en termes de revenus ou encore de production par habitant. L'explication de cette différence de patrimoine s'explique donc, selon la Bundesbank, par une différence de comportement : les Allemands sont davantage locataires que propriétaires. Le taux de propriété de la résidence principale s'élève à 44% en Allemagne contre 58% en France, et même 83% en Espagne.
Des données vraiment comparables ? La Bundesbank apporte une dernière nuance à ces chiffres : ils ne couvrent pas tous les mêmes années, rendant difficile une comparaison précise. Les chiffres dont la banque allemande s'est servie pour la France remontent à 2012 (Insee), ceux pour l'Allemagne viennent d'une étude réalisée entre septembre 2010 et juin 2011, et ceux pour l'Espagne datent de 2008 et depuis, les prix de l'immobilier y ont fortement chuté.