L'info. Après le parfumeur Sephora des Champs-Elysées, les supermarchés Monoprix vont à leur tour devoir baisser leurs rideaux au plus tard à 21h dans tout le pays, la CGT ayant bloqué un nouvel accord négocié sur les horaires nocturnes. Cet accord, négocié après l'invalidation en avril par la Cour d'appel de Versailles de celui datant de 2006, prévoyait notamment de 25 à 35% de majoration de salaire pour le travail en soirée.
Mais "la CGT a exercé son droit d'opposition, rendant ainsi l'accord inapplicable", a indiqué mardi la direction de Monoprix (groupe Casino) dans un communiqué.
Jurisprudence Sephora. Sur les quelque 300 magasins Monoprix existant en France, 94 pratiquaient jusqu'à présent des ouvertures au-delà de 21h et devront ainsi restreindre leurs horaires du soir. Parmi eux, seuls trois supermarchés parisiens de l'enseigne de centre-ville ouvraient au-delà de 22 heures. A commencer par celui situé sur les Champs-Elysées (jusqu'à minuit), qui comme son voisin Sephora devra donc renoncer à son commerce du soir avec les milliers de touristes qui arpentent l'une des plus célèbres artères touristiques au monde.
Débat. L'annonce survient en effet en plein débat sur le travail nocturne, une semaine après la décision de fermeture à 21h imposée au magasin amiral de l'enseigne Sephora, propriété de LVMH, par la cour d'appel de Paris. Ce jugement, qui faisait suite à une procédure lancée par l'intersyndicale du commerce de Paris (CGT, CFDT, FO, SECI, SUD et CGC) contre Sephora, a suscité une cascade de réactions et relancé les discussions sur l'opportunité ou non d'assouplir la législation concernant le travail en soirée.
Travail du dimanche.La polémique enfle aussi sur le travail dominical, puisque trois jours après "l'arrêt Sephora", les enseignes de bricolage Castorama et Leroy Merlin se voyaient, elles, contraintes par la justice de cesser d'ouvrir leurs magasins franciliens le dimanche.
Quatorze magasins des deux enseignes ont toutefois bravé cette interdiction dimanche, provoquant du même coup un branle-bas au sommet de l'Etat pour tenter de démêler la situation et clarifier le "mille-feuilles réglementaire" qui prévaut sur les ouvertures dominicales, selon les propres mots de la ministre du Commerce Sylvia Pinel.
Pourvoi en cassation de Monoprix. Concernant Monoprix, la direction du groupe indiquait mardi soir "regretter" la position de la CGT, qui va, selon elle, "à l'encontre de l'intérêt des collaborateurs". Seuls les supermarchés Monoprix sont concernés, et non les enseignes de moindre taille Monop', Monop' Daily, Monop' Beauty, Monop' Station (en gares) et Naturalia (magasins bio), a précisé un porte-parole de Monoprix à l'AFP. La direction de Monoprix - qui précise avoir formé un pourvoi en cassation contre la décision de la cour d'appel de Versailles - compte désormais "examiner, magasin par magasin, les réponses à apporter et étudier la situation des collaborateurs concernés".
Interrogé sur les conséquences en termes de suppressions de postes, le porte-parole a précisé que le groupe allait "regarder dans les semaines qui viennent comment faire".