Le Grand Ouest compte désormais un nouvel abattoir en grandes difficultés. Le tribunal de commerce de Coutances, dans la Manche, a en effet placé mardi les Abattoirs industriels de la Manche (AIM) en redressement judiciaire. 591 emplois se retrouvent sur la sellette, dont 373 dans la Manche, à Sainte-Cécile et à Villedieu-les-Poêles, et 179 à Antrain, en Ille-et-Vilaine.
Seul espoir, une reprise. L'entreprise fait l'objet d'une période d'observation de six mois, a précisé l'avocate du comité central d'entreprise, Elise Brand, tout en soulignant que l'état de la trésorerie était tel que seule une cession d'AIM était envisageable, et non un plan de continuation. "Il semblerait qu'il y ait des pistes mais qui ne permettent pas de satisfaire notre revendication d'un emploi pour tous", a-t-elle indiqué devant des salariés, entre 350 et 500, qui ont crié des slogans et fait sonner les sirènes devant le tribunal durant les deux heures d'audience. "On n'a que quelques semaines pour se retourner", a précisé Me Brand. Le tribunal, la direction et les syndicats referont le point le 24 février.
Les salariés redoutent un scénario tel que celui que vient de connaître l'abattoir breton Gad, dont les effectifs ont drastiquement chuté, passant de 1.700 salariés mi-2013 à la promesse en octobre 2014 d'en maintenir 530 sur 755 dans le seul abattoir restant du groupe, à Josselin, dans le Morbihan, racheté par la SVA Jean Rozé, filiale d'Intermarché.
Une société qui bénéficie de soutiens locaux. Une dizaine de maires avaient fait le déplacement ainsi que le président du conseil général de la Manche, l'ex-sénateur UMP Jean-François Le Grand et le président PS de la région Basse-Normandie Laurent Beauvais. Le département et la région qui ont déjà beaucoup aidé AIM ces dernières années "sont prêts à continuer à aider l'entreprise avec des conditions" sociales, a indiqué ce dernier.
La fin d'un certain modèle d'abattoirs. Pour Didier Herbert, technicien vétérinaire, fonctionnaire, basé sur l'abattoir d'Antrain, AIM est victime du "dumping des grands abattoirs bretons. Plus petit, AIM ne peut pas se permettre ce dumping". "Une guerre économique fait rage au profit des grands groupes d'abattages", affirme son syndicat, la FSU, dans un tract. "Des concurrents font courir le bruit qu'on payera pas les fournisseurs pour pas qu'ils nous livrent. Ils espèrent faire fermer AIM et récupérer les porcs de Cap 50, notre principal actionnaire et fournisseur", affirme Didier Herbert.
AIM, qui est détenu à 64% par la coopérative de producteurs Cap 50 et à 34% par le groupe d'aliments pour bétail J-DIS, est un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution après le rachat de Gad par SVA filiale d'Intermarché, indique Elise Briant.