Les agriculteurs franciliens ont commencé à bloquer les routes de la région pour exprimer leur "ras le bol fiscal". Au rythme des "Le Foll démission", les agriculteurs veulent bloquer l’accès à la capitale, dénoncer la réforme de la PAC qui favorise les éleveurs et surtout, conserver leurs privilèges. "Autant on a le droit de manifester, de protester, de faire grève, autant on n’a pas le droit de porter atteinte à la liberté de circulation des citoyens. C’est inacceptable, surtout de la part de ces agriculteurs qui sont parmi les plus favorisés de France", s’est ainsi agacé l’ancien ministre de l’Agriculture Jean Glavany au micro d'Europe 1 jeudi. Explications.
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Des salaires qui font rêver les autres agriculteurs. Le travail des céréaliers est pénible, mais bien rémunéré. Le revenu moyen des exploitations de la région parisienne était de 97.800 euros en 2012, contre 59.600 euros en 2011, soit une hausse de 64%. A titre de comparaison, les agriculteurs du Limousin, principalement éleveurs, gagnent 6,3 fois moins, avec un revenu de 15.500 euros, selon Le Figaro. La Commission des comptes de l'agriculture de la Nation (CCAN) estime que le revenu moyen des exploitations agricoles en France est de 38.300 euros en 2012.
De grands propriétaires fonciers aidés par l’Europe. Le bassin parisien est très fertile et propice à l’agriculture céréalière extensive. Or, les aides européennes sont calculées à l’hectare. Jean Glavany, ancien ministre de l’agriculture, rappelle qu’"ils sont les plus subventionnés et que 80% des primes vont à 20% des plus gros agriculteurs". En Île-de-France, 58% de la production vient de grandes cultures.
La redistribution de la PAC, un manque à gagner. La fronde contre le gouvernement vient principalement du projet de redistribution des aides agricoles européennes. Le Parlement prévoit d’octroyer plus de subventions aux petites exploitations pour la période 2014-2020. Les grands recevant plus de 150.000 euros pourraient voir leurs aides diminuées d'au moins 5%. A cela s’ajoutent des mesures écologiques, comme la diversification des cultures, le maintien de prairies et de pâturages permanents et la création de "surfaces d'intérêt écologique". Pas vraiment le créneau des grandes exploitations de la région. "Il faut savoir que les mesures qui vont être prises très prochainement vont mettre la France dans une situation très compliquée vis-à-vis de nos pays européens partenaires, on va voir des distorsions de concurrence très importantes, nous serons incapables de maintenir notre place de pays exportateur", argumente Christophe Lerebour, du syndicat agricole FDSEA d'Ile-de-France.
Les céréales, un marché porteur. Les matières premières s’échangent sur les marchés comme le pétrole ou toute autre denrée. Et au jeu de l’offre et la demande et de la spéculation, la plupart des céréales sortent gagnantes. Ceux qui les produisent aussi. Les prix ont explosés en 2012, prenant environ 20%, rappelle Le Figaro. Dans le même temps, les coûts de production diminuent, grâce à la baisse des achats d’engrais.