Les prud'hommes de Toulouse ont jugé jeudi dénués de fondement le licenciement en 2009 des 283 salariés de l'usine française du géant américain Molex à Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, donnant droit au versement d'indemnités considérables à ceux qui ont saisi la juridiction. Ces licenciements sont "sans cause réelle et sérieuse", ont écrit les prud'hommes dans leur jugement.
Une fermeture illégitime. Sur les 283 salariés de l'ancienne usine de connectique aujourd'hui fermée, 190 ont engagé une action en indemnisation. Ils réclamaient un montant global de 22 millions d'euros. Leur avocat Jean-Marc Denjean n'a pas pu chiffrer le montant total des indemnités accordées par les prud'hommes. Mais, dans plusieurs cas, elles dépassent les 100.000 euros, a-t-il dit. Au-delà de cette indemnisation, Me Denjean a vu dans la décision des prud'hommes une victoire juridique et la reconnaissance que la fermeture de l'usine, dont les salariés ont toujours clamé la viabilité, était illégitime.
"On nous a rendu notre âme". Du côté des anciens salariés de l'entreprise, la décision a été accueillie par des acclamations. "On a toujours dit que la raison économique de la fermeture n'était pas justifiée. Aujourd'hui, la justice nous donne raison", a lancé à la foule Guy Pavant, un ancien représentant syndical de Molex. "On nous a rendu notre fierté, notre dignité, se réjouit Jacques, un ancien salarié, au micro d'Europe 1. On était de bons ouvriers et on l'est toujours. On nous a volé notre âme et maintenant on nous la rend. C'est un très grand jour pour le monde ouvrier."
La nouvelle a été d'autant mieux accueillie qu'une cinquantaine de salariés de l'entreprise n'ont toujours pas retrouvé d'emploi. "Par rapport à notre amour propre, ça fait du bien, confie Alain, l'un des ex-Molex. Mais ça n'empêche pas le fait que des gens n'ont toujours pas de travail. Ils ont plus de cinquante ans et ils savent qu'ils ne vont plus jamais rien trouver. C'est bien qu'on soit reconnus, mais ça ne remplacer pas la perte de notre emploi."
Un appel potentiel de Molex. Dans un contexte de désindustrialisation française, Molex était devenu un nouveau symbole de ces entreprises jugées rentables, mais sacrifiées sur décision étrangère au nom d'une logique financière globale échappant au personnel et aux communes frappés. L'argent des indemnités n'est cependant pas encore dans les poches des anciens salariés, a tempéré Me Denjean. L'avocat s'attend en effet à ce que Molex fasse appel.
L'INFO - Molex France, c’est fini
ZOOM - Quand les patrons espionnaient les syndicalistes
INDUSTRIE - Offre de reprise pour la raffinerie LyondellBasell
COMPETITIVITE - Coût du travail : l'écart France-Allemagne se réduit