L’avenir économique français est la mer. Christian Buchet, directeur du Centre d’étude de la mer de l’Institut catholique de Paris et membre de l'Académie de marine, l’a rappelé au micro d’Europe 1 vendredi, la France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEEE) mondiale. Une puissance de premier ordre, sous exploitée, faute d’engagement politique. "Il faudrait une politique de la mer unique, mais actuellement, il y a onze gros ministères qui touchent au champ maritime, il en faudrait un", résume Christian Buchet.
Un secteur économique important. "Les gisements d’emplois sont dans la mer", assure Christian Buchet. L’économie de la mer représente déjà plus de 304.000 emplois pour 51 milliards d’euros de valeur de production, plus que l’aéronautique ou l’automobile. Un poids lourd de l’économie donc, mais largement sous exploité car il ne pèse que 2,75% du PIB français. "Le maritime tire déjà l’emploi, mais on ne le sait pas et surtout on ne le mesure pas car il n’y a pas de politique maritime en France", critique Christian Buchet.
Des non-sens économiques. Le commerce mondial passe principalement par les ports, or, le premier port français est… Anvers. "Un container sur deux destiné à la Provence arrive à Anvers ou Hambourg. L’acheminer jusqu’en PACA coûte quatre fois plus cher que le transporter de Hong-Kong à Hambourg", assure Christian Buchet. Le problème des ports français est leur isolement, "des cul-de-sac", selon le directeur qui réclame la construction d’un canal entre le Havre et Paris pour le transport de marchandises.
Un monde en quatre dimensions, très riche. La mer et les océans se composent de la surface, de la profondeur, du sol maritime et bien sûr du sous-sol. Or, avec ses 11 millions de kilomètres carrés de ZEE, la France dispose de réserves, notamment en terres rares, colossales. "Des chercheurs japonais estiment que la France possèderait entre 20 et 30% des réserves mondiales", assure Christian Buchet. La mer possède aussi des ressources en énergies, qu’elles soient fossiles ou renouvelables, comme les éoliennes en mer ou l’utilisation des différences de températures entre la surface et la profondeur pour créer de l’électricité.
La mer, les champs de demain ? La population mondiale augmente et il faut bien la nourrir. "On va être 2,4 milliards de plus d’ici 2050 et la demande de protéine augmente", rappelle Christian BUchet. Or, les vaches sont trop polluantes, entre les déchets, l’eau, les céréales et l’espace nécessaire à la production de viande, la planète risque "d’exploser". "Je ne parle pas de la pêche. L’avenir c’est le développement des algues comme complément alimentaire, l’aquaculture de poissons herbivores", assure le directeur. Selon lui, la mer pourrait faire disparaître la malnutrition à l’échelle mondiale. Et la France pourrait en être le moteur.