164 ans d’existence et peut-être bientôt la fin d’une histoire qui a marqué des générations de Caennais. La biscuiterie “Jeannette”, productrice des madeleines du même nom, a fermé il y a trois mois, faute de soutiens financiers. Il y a une semaine, le matériel de l'usine devait être vendu aux enchères. Pour éviter cela, 37 salariés bloquent depuis l’accès aux chaînes de production, empêchant ainsi la disparition de leur outil de travail.
Usine Jeanette occupée depuis 1semaine. Vente aux enchères empêchée #caenpic.twitter.com/JfEYQrONlh— Ariane Lavrilleux (@AriaLavrilleux) 26 Février 2014
Blocage de l’usine. Sur place, l’odeur du café a remplacé les effluves de madeleines en train de cuire dans les allées de l’usine. Quatre gros cadenas et un verrou ferment le portail vert de l’usine et seuls les salariés peuvent rentrer.
“On a bloqué les portes partout, parce qu’ils peuvent prendre l’usine”, justifie Françoise Bacon au micro d’Europe 1. Il y a une semaine, c’est elle qui a lancé la mobilisation. “L’employeur nous a laissé tomber, on restera sur nos gardes jours et nuits. Même si ça dure un mois, on va se battre”, ajoute-t-elle, déterminée.
Du gâchis. Les salariés sont d’autant plus frustrés qu’ils ont l’impression qu’on les a abandonnés sur place. “On a de la farine, du sucre, tout est resté en plan, on a arrêté du jour au lendemain”; se désole Joël Varin, l’un des employés, interrogé par Europe 1. Dans le hangar décrépi, rouillé, plongé dans le silence, les immenses tapis roulant et le pétrin tout neuf sont en train de prendre la poussière.
“Pendant la guerre, on s’est battu sous les bombardements pour continuer l’entreprise. Aujourd’hui, on n'est pas en temps de guerre, on doit nous aider. On a encore de quoi faire, il nous faut des oeufs et on repart”, ajoute Joël. Il faut dire que la fermeture de l’usine est vécue dans la région comme un drame. La potentielle fermeture de “Jeannette”, c’est la fin d’une partie de l’histoire industrielle de Caen. Pour faire vivre encore un peu l’espoir, les employés ont prévu de relancer les machines et de produire 300 kilos de madeleines avec la farine et le sucre qu’il leur reste. La fournée sera symbolique, mais l’espoir de trouver un repreneur n’est pas complètement envolé.
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