Le débat s'est focalisé sur les sodas, les cigarettes, les parcs d'attractions ou encore les heures supplémentaires. On en aurait presque oublié les complémentaires santé. Le plan anti-déficit du gouvernement prévoit en effet d’augmenter aussi les taxes pesant sur les mutuelles.
Se faire soigner va donc dorénavant coûter plus cher, et tout le monde est concerné, car 94 % des Français souscrivent une mutuelle santé.
Environ 30 euros de plus par an
Concrètement, le taux de la taxe spéciale sur les conventions d'assurance (TSCA) sur les "contrats solidaires et responsables", qui représentent désormais la quasi-totalité des contrats proposés par les complémentaires santé, va passer de 3,5% à 7%, a précisé François Fillon. Les autres contrats santé verront leur fiscalité passer à 9%.
Ainsi, les contrats qui coûtent actuellement en moyenne 500 euros par an vont s'alourdir d'une trentaine d'euros supplémentaires chaque année, soit quasiment un mois de plus de cotisation par an.
Un accès aux soins plus difficile
Etienne Caniard, le président de la Mutualité française, se montre très hostile à une telle augmentation, estimant qu'il y a un risque que l'accès au soin soit de plus en plus restreint. "Quelqu’un qui n’a plus de complémentaire santé, ou qui a une complémentaire santé de moindre qualité, parce qu’il ne peut plus se payer une couverture d’un niveau suffisant, risque d’avoir recours aux urgences hospitalières par exemple, plutôt que d’appeler son médecin libéral quand son enfant a de la fièvre", s’inquiète-t-il au micro d'Europe 1.
"Quand on abandonne des garanties qui permettent un meilleur dépistage, des actions de prévention, on transfère des problèmes de pathologie bénigne en pathologie majeure, donc c’est vraiment une mesure budgétaire, une mesure financière de très court terme. Une mesure dangereuse pour l’accès aux soins et dans le système de protection sociale", dénonce enfin le président de la Mutualité française, fédération représentant près de 600 mutuelles santé.
Un gain d’un milliard pour l’Etat
Invité d’Europe 1 jeudi, François Chérèque a fait lui aussi entendre sa vive opposition à cette nouvelle taxe. Le secrétaire général de la CFDT a fustigé "la mini-taxe sur les riches", qui va rapporter "200 millions d’euros", "alors que parallèlement le gouvernement taxe les mutuelles à 1,2 milliard". Selon lui, "94% des Français vont payer cette taxe". "C'est une CSG déguisée", a-t-il estimé, ajoutant qu'il comptait bien "faire pression sur les députés" afin qu'ils ne votent pas cette mesure.
Grâce à cette mesure, le gouvernement espère engranger plus d'un milliard d'euros.