Formant un choeur inhabituel, huit organisations patronales lancent dimanche un "cri d'alarme" à l'exécutif, appelant à la mise en oeuvre rapide des aides promises aux entreprises face à un mécontentement politique et social persistant.
Un appel lancé dans le Journal du dimanche par les dirigeants du Medef, de la CGPME, de l'UPA (artisanat), de la FNSEA (agriculteurs), de l'UNAPL (professions libérales), de l'AFEP (grandes entreprises), de Croissance + (entreprises à forte croissance) et d'ASMEP-ETI (entreprises de taille intermédiaire), au diapason pour une fois.
>> Après des "discours qui ont redonné espoir aux entrepreneurs", "nous constatons que les actes ne suivent pas les discours", disent-t-ils, réclamant "trois actes concrets" :
• En premier lieu, les organisations patronales demandent à "inclure de manière explicite et rapidement" dans la loi les promesses du Pacte de responsabilité sur une baisse des charges et de la fiscalité. Au passage, elles demandent que soient "retravaillés" les textes sur la pénibilité et "ajustées" les dispositions sur le temps de travail, dont la durée minimale doit passer à 24 heures par semaine le 1er juillet. Ces deux réformes cristallisent depuis quelque temps le mécontentement des dirigeants d'entreprises.
• Ces derniers demandent ensuite un "moratoire" sur tout texte susceptible de durcir la règlementation ou d'augmenter les contrôles.
• Enfin, les signataires exigent des "réformes structurelles" sans "tabous" ni "dogmes" pour baisser la dépense publique. Côté patronal, on dit que les mauvais chiffres du chômage et les prévisions de croissance très molle de l'Insee ont déclenché jeudi cette initiative.
Nervosité et mauvaise ambiance. La mauvaise humeur de certains députés PS a également attisé la nervosité patronale. Ces "frondeurs" ont déposé de nombreux amendements sur les textes budgétaires en cours de discussion à l'Assemblée, qui doivent entériner le Pacte de responsabilité ainsi que les 50 milliards d'économies annoncés par l'exécutif. Le Pacte de responsabilité annoncé en début d'année par François Hollande consiste à lier les aides aux entreprises à des contreparties sociales, qui doivent être négociées entre patronat et syndicat.
La "conférence sociale" dans le viseur. Or ces discussions durent et les tensions à propos de la "conférence sociale" des 7 et 8 juillet illustrent la mauvaise ambiance entre organisations patronales et syndicales, en ce début d'été agité sur le plan social (grève à la SNCF, des contrôleurs aériens, mobilisation des intermittents) La CGPME a dit "s'interroger sérieusement sur l'intérêt pour les organisations patronales représentatives de participer". Le Medef a choisi Twitter, demandant: "y a-t-il un quelconque intérêt à participer à la conférence sociale? C'est une vraie question...".
Y a-t-il un quelconque intérêt à participer à la conférence sociale ? C'est une vraie question ... #pénibilité@fhollande@manuelvalls— MEDEF (@medef) 25 Juin 2014
Du côté des syndicats, le numéro un de la CFDT Laurent Berger a estimé vendredi qu'il faudrait "mettre fin au Pacte de responsabilité" si le patronat décidait de boycotter ce rendez-vous. FO et la CGT ont décidé de prendre part au rendez-vous, non sans exprimer leur grande méfiance face aux intentions patronales. Le ton n'est pas beaucoup plus aimable entre le gouvernement et le patronat, deux ministres ayant reproché récemment au Medef de "geindre" trop souvent. Instaurée par François Hollande, la conférence sociale réunit chaque année tous les acteurs du dialogue social autour du gouvernement pour établir la feuille de route de l'année à venir. Celle de juillet 2014 sera la troisième du quinquennat.
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