Les prix du diesel et de l'essence ont nettement grimpé - d'environ 2 centimes - la semaine dernière en France, se rapprochant de leurs records de mars-avril, selon les relevés des prix publiés lundi par le ministère de l'Ecologie et de l'Energie.
Le gazole - de très loin le plus utilisé dans l'Hexagone avec plus de 80% de la consommation - a atteint 1,4246 euro le litre en moyenne lors de la semaine achevée vendredi 10 août, contre 1,4060 euro la semaine précédente, selon les chiffres compilés par la Direction générale de l'énergie et du climat.
Au plus haut depuis mai
La hausse a été un peu plus marquée pour l'essence : le sans plomb 95 a grimpé à 1,6007 euro le litre (contre 1,5740 euro une semaine auparavant), tandis que le sans plomb 98 a augmenté à 1,6539 euro (contre 1,6292 euro la semaine précédente).
Le diesel, comme l'essence, sont désormais au plus haut depuis les premiers jours de mai, c'est-à-dire juste avant l'élection de François Hollande. Le diesel est à près de 3 centimes de son record absolu de la mi-mars (1,4584 euro), tandis que le sans plomb 95 est 6 centimes sous le sien, qui remonte au 13 avril.
Des hausses "presque en dizaine de centimes"
Les prix augmentent "depuis fin juin", a précisé sur Europe 1 Franck Ibled, directeur de Carbeo.com, avant de poursuivre : "cela fait +7,5% pour le gazole et +8,5% pour le SP95, c'est-à-dire des hausses très importantes qui se comptent en presque en dizaine de centimes".
"Il y a deux raisons principales : le produit de base, le pétrole, a continué sa progression suite à de bonnes nouvelles de l'économie américaine et de mauvaises nouvelles au niveau géopolitique. Donc il y a eu des tensions au niveau des prix du pétrole", décrypte-t-il, avant d'évoquer la seconde raison : "pour nous Européens, nous achetons nos barils en dollars et on a vu l'euro se dégrader depuis quelques mois vis-à-vis du dollar et donc rendre nos achats de pétrole beaucoup plus chers".
Et le blocage des prix ?
Lors de sa campagne victorieuse, François Hollande avait promis un blocage des prix si nécessaire, en attendant le retour d'une taxation dite "flottante" des carburants, consistant à alléger les sommes perçues par l'Etat lorsque les prix hors taxes sont au plus haut.
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Rendue peu nécessaire avec le reflux des prix observés en mai et juin, ce blocage est revenu sur le devant de la scène avec la remontée de juillet-août, le gouvernement assurant qu'il était toujours d'actualité. Bercy n'a néanmoins indiqué aucun niveau précis des prix pour son entrée en vigueur, alors que près de neuf Français sur dix (88%) se déclarent favorables à un blocage temporaire du prix de l'essence et du gazole, suivi par une baisse des taxes perçues par l'Etat sur les carburants en cas de hausse des prix, selon un sondage Ifop à paraître mardi dans L'Humanité.
Une mission à très court terme
Une mission va se pencher à très court terme sur la formation et la transparence des prix des carburants, a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici. "J'ai demandé à l'IGF (Inspection générale des finances) et au Conseil général des mines de conduire à très court terme une mission d'analyse et d'inspection sur la formation et la transparence des prix de la filière pétrolière", a-t-il détaillé jeudi dans Nice Matin.