N'ayant pratiquement plus aucune réserve financière, la Grèce a grandement besoin de la dernière tranche du plan d'aide européen, à savoir 7,2 milliards d'euros. Mais les pays de la zone euro refusent de lui verser cet argent, Athènes n'ayant pas mené les réformes qui avaient été promises en échange de cet aide. Depuis fin janvier, le gouvernement d'Alexis Tsipras négocie donc avec Bruxelles pour pouvoir modifier la liste des réformes à mener et, visiblement, ce n'est pas aisé : fin mars, Athènes a envoyé une troisième version de sa copie. Mais quelles réformes propose la Grèce ?
Une feuille de route modifiée par rapport à ce qui était prévu. Essorés par quatre années d'austérité, les Grecs ont opté pour un changement d'orientation politique en donnant la majorité au parti de gauche radicale Syriza. Alexis Tsipras tente donc depuis fin janvier de convaincre les pays de la zone euro, qui sont devenus ses principaux créanciers, de faire moins d'austérité et plus de relance. Si les pays de la zone euro ont accepté de redonner des marges de manœuvre à la Grèce, Athènes a néanmoins une obligation : arriver au même équilibre budgétaire que ce qui était prévu auparavant. Tant que ce n'est pas le cas, les réformes proposées par la Grèce ne seront pas validées par l'Eurogroupe, ce qui est déjà arrivé deux fois.
Ce que propose désormais Athènes. La nouvelle feuille de route proposée par Athènes est surtout axée sur les recettes fiscales : l'objectif est désormais de lutter contre la fraude et de faire payer à chacun ce qu'il doit. Un objectif louable mais qui n'empêche pas le reste de l'Europe d'être sceptique : d'abord parce qu'Athènes part de très loin en matière fiscale et qu'un changement de mœurs prendra des années, ensuite parce que les Européens trouvent très optimiste le niveau des recettes attendues.
En attendant la validation de l'Eurogroupe, ou une nouvelle version en cas de refus, voici la liste des réformes proposées par Athènes :
- lutte contre la fraude à la TVA (recettes attendues : 350 millions d’euros)
- mise en vente de licences télé (350 millions)
- règlement des arriérés d'impôts et de sécurité sociale (600 millions)
- simplification du code des impôts (300 millions)
- tombolas sur le modèle portugais pour décourager la fraude à la TVA : toute facture devient un ticket de tombola (270 millions)
- lutte contre la contrebande du fuel et du tabac (250 millions)
- renforcement des moyens de perception de l'impôt (225 millions)
- nouvelles licences pour le jeu en ligne (200 millions)
- privatisations du port du Pirée, du PMU et des aéroports régionaux (1,5 milliard)
- réformes structurelles pour rendre le fisc plus indépendant, limiter les retraites anticipées, éliminer les niches fiscales, alléger la procédure des arriérés de paiements dus à ou par l'Etat, améliorer la gestion des finances publiques, instaurer une procédure amiable pour les prêts non remboursés, rénover la justice civile et améliorer la fiabilité de l'institut des statistiques.
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